Le métier de blanchisseur, pourtant essentiel dans l’entretien et l’hygiène des vêtements, attire aujourd’hui très peu de personnes, notamment chez les jeunes. Le manque d’intérêt à ce métier très pratiqué à l’époque contraste avec son rôle crucial dans la vie quotidienne. Pour mieux comprendre les réalités de cette activité souvent négligée, la rédaction de Foutakameen.com est allée à la rencontre d’un professionnel qui a consacré plus de trois décennies à ce métier.
Mamadou Cellou Diallo, c’est son nom. Rencontré dans son atelier alors qu’il était en pleine activité, a accepté de partager avec nous son parcours, son expérience et les difficultés auxquelles il a été confronté.
«À Labé, j’ai commencé ce métier en 1990. À l’époque, il était très difficile de l’exercer. Là où je suis installé aujourd’hui, je devais autrefois suivre le marigot depuis Saassé jusqu’à Paraya pour puiser l’eau nécessaire au lavage des habits. Parfois, je me rendais aussi à une source appelée Bhoundou Saassé, que tout le monde utilisait pour s’approvisionner en eau. Une fois rentré, je lavais les vêtements jusqu’à 13 heures, puis je les repassais jusqu’à 18 heures. À l’époque, j’utilisais des fers à charbon que j’avais achetés au Sénégal. Comme j’avais déjà appris ce métier là-bas, je n’ai pas eu beaucoup de difficultés, sauf le manque d’eau. J’avais même cinq employés ; nous étions six à travailler. Ce métier m’a beaucoup apporté. C’est grâce à lui que je subviens aux besoins de ma famille jusqu’à aujourd’hui», explique le blanchisseur qui a aujourd’hui avancé en âge.

Mamadou Cellou Diallo, blanchisseur de profession établis dans la commune urbaine de Labé
Il (le blanchisseur) se souvient encore des modestes revenus qu’il tirait de son travail.
« À l’époque, il y avait les pièces de monnaie. Un complet coûtait 25 GNF. Quelque temps après, j’ai augmenté à 50 GNF, puis à 75 GNF, et enfin à 100 GNF. Avant, je pouvais repasser 100 complets pour obtenir 1 000 GNF », raconte-t-il.
Malgré les difficultés et la faible reconnaissance sociale de ce métier, Mamadou Cellou Diallo continue de recevoir des commandes et dément ceux qui soutiennent que ce métier reste désormais dans les souvenirs, preuve que ce savoir-faire reste encore vivant et indispensable.
« Jusqu’à présent, j’ai du travail. Des habits me sont envoyés depuis la commune, la préfecture et même le gouvernorat, sans compter les particuliers. Pourtant, ce métier n’est plus beaucoup considéré aujourd’hui, ce qui est vraiment déplorable. Là où je suis actuellement, je ne sais même pas où se trouve un autre blanchisseur », regrette-t-il.
Aujourd’hui, à l’heure où les métiers manuels traditionnels peinent à attirer les jeunes générations, le témoignage de ce vieux blanchisseur rappelle l’importance de préserver ces savoir-faire qui ont longtemps participé à l’équilibre social et économique des familles.
Absoul Karim Diallo et Mamadou Dian Diallo pour foutakameen.com

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