À Labé, ils sont des centaines à arpenter les rues du matin au soir, portant sur leurs épaules bien plus que leurs marchandises : leur espoir de subvenir aux besoins de leurs familles. Qu’ils soient vendeurs de café, de vêtements ou de bonbons glacés, les marchands ambulants vivent un quotidien fait de courage, de fatigue et d’incertitudes. Malgré tout, ces courageux dans l’ombre refusent de baisser les bras.
Beaucoup se lancent dans cette activité par manque de moyens, d’autres faute d’espace dans les marchés. Mais tous partagent la même réalité : ils doivent se battre pour gagner leur vie, coûte que coûte.
La rédaction de foutakameen.com est allée à leur rencontre.
« Parfois, on marche toute la journée sans vendre un seul objet », se lamente un commerçant ambulant.
Abdourahmane Diallo, marchand ambulant, avance son sac sur l’épaule, les traits tirés mais le regard résistant.
« Actuellement, notre activité est au ralenti. Parfois, on peut circuler toute la journée sans vendre même un objet. Mais par la grâce de Dieu, nous arrivons à gagner quelques choses. Et dans tout ça aussi, nous rencontrons des difficultés : nous n’avons pas de place fixe et parfois, si on s’arrête devant la place de quelqu’un juste pour se reposer, ça devient des problèmes. Sans parler de l’imprudence des conducteurs d’engins. Je demande à tout un chacun, que tu aies une place ou pas, de se battre pour gagner sa vie », explique-t-il.
Des femmes qui portent le combat au même titre que les hommes
Dans les ruelles ensoleillées de la commune urbaine de Labé, parmi les klaxons et la poussière, les femmes aussi se fraient un chemin. C’est le cas de Fatoumata Diaraye Diallo, qui prépare et vend des bonbons glacés pour nourrir ses enfants.
« Je vends des bonbons glacés. Parfois je gagne un peu. Certains clients, lorsqu’ils achètent chez un vendeur et qu’ils trouvent que le produit n’est pas bon, ils n’ont plus le courage d’acheter avec d’autres vendeuses. Ils pensent que nous vendons toutes la même chose. C’est notre plus grande difficulté. Parfois aussi je peux sortir de la maison sans tout vendre. Dans ce cas, je rentre, le lendemain je prépare et je reviens, car j’ai des enfants à nourrir », confie-t-elle.
Son histoire est celle de nombreuses mères qui refusent de baisser les bras malgré les obstacles.
« Rester sans rien faire est une sorte de prison », déclare-t-elle.
Pour Idrissa Diallo, vendeur de café, la journée se découpe au rythme de ses thermos.
« C’est le matin que je me promène et je vends mon café. Aux environs de 11h, j’ai fini. Je pars préparer encore pour revenir vendre vers le soir. Malgré que nous venons d’entrer en saison sèche, la poussière a déjà commencé et le soleil, on n’en parle pas. Je ne gagne pas trop, un café c’est à 1000 francs, mais je suis obligé car j’ai une famille à nourrir. Je demande à toute personne de chercher un boulot, petit qu’il soit. Rester sans rien faire est une sorte de prison », témoigne-t-il.
Quand le soleil devient l’unique compagnon de route
D’autres vendent des habits de friperie, comme Alhassane Diallo, qui déplore une baisse de clientèle.
« Nous vendons sous le soleil, certains habits sur la tête et d’autres en mains. Il n’y a pas assez de clientèle. Certains clients demandent le prix juste pour demander. Comparativement aux années précédentes, on vendait bien à l’approche de l’harmattan, mais cette année ce n’est pas le cas. Mais comme nous avons une famille qui nous attend, nous sommes obligés », conclut-il.
Une réalité partagée, une lutte quotidienne
Ce qui ressort de tous ces témoignages, c’est la même vérité : beaucoup exercent le commerce ambulant par manque de moyens ou faute de place, mais tous le font avec dignité, courage et détermination. Ils refusent de quémander une pratique selon eux qui exposent ceux qui s’y adonnent à la moquerie et au rejet.
Dans les rues de Labé, derrière chaque marchand ambulant, il y a une histoire, une famille, un combat et une dignité silencieuse à préserver.
Un reportage d’Abdoul Karim Baldé, pour foutakameen.com

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