Guinée : trente journalistes outillés sur la lutte contre les désordres informationnels

Guinée : trente journalistes outillés sur la lutte contre les désordres informationnels

Du 11 au 15 décembre 2023, les capacités de trente journalistes guinéens ont été renforcées sur la production de contenu contre les désordres informationnels, la vérification des faits et la cybersécurité. Ces hommes de médias, réunis à Labé, étaient essentiellement issus des radios communautaires/rurales et privées des quatre régions naturelles du pays (Basse-Guinée, Moyenne-Guinée, Haute-Guinée et Guinée Forestière) et quelques-uns venus des médias numériques.

Cette session de capacitation a été organisée par l’Association Villageois 2.0 dans le cadre de la mise en œuvre du projet d’Éducation aux Médias à l’Information et au Numérique plus (EMIN+) avec le soutien de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Durant cinq jours, les trente participants ont acquis des connaissances avancées sur les techniques de vérification dans un environnement numérique sûr, les méthodes de contournement de la censure, l’authentification – des images et des vidéos,  la rédaction pour la vérification des faits, la responsabilité sociale du journaliste, des rappels sur des chartes fondatrices du journalisme, notamment celles de Munich et de Tunis, des réflexions et d’échanges sur le rôle des langues locales dans la lutte contre les désordres informationnels (désinformation, mésinformation, rumeur, mal information, entre autres).

Revenant sur les objectifs de la rencontre, Sally Bilaly Sow, coordinateur de l’Association Villageois 2.0 et directeur de publication de GuineeCheck — média citoyen et indépendant de vérification des faits —, a déclaré, à l’entame de la formation, que « cette formation sera un moment d’échanges, de partage d’expériences et de bonnes pratiques sur la lutte contre la désinformation ; mais aussi du rôle des journalistes dans le renforcement de l’intégrité de l’information pour la vitalité démocratique de la Guinée ». « L’autre mission principale que l’on s’est fixée consiste à démocratiser la pratique du fact-cheking. Nous souhaitons que chaque média guinéen dispose d’un desk de fact-checking et qu’on ait dans le pays plus de journalistes vérificateurs des faits », a-t-il ajouté.

Dans son intervention, la Directrice Régionale de l’information et de la communication (DRIC) de la Moyenne-Guinée, Kadiatou Teliwel Diallo, a exhorté les participants « à prendre au sérieux leur participation à la session de formation, et surtout au terme de cette rencontre [de capacitation] de privilégier la pratique ».

Journaliste à la rédaction du quotidien en ligne Visionguinee.info, Ciré Baldé a martelé que « la lutte contre le désordre informationnel est crucial pour tout professionnel de médias ou acteur de l’information ». De son observation, il remarque que « les désinformateurs ne manquent pas de technique pour induire le public en erreur ». M. Baldé assure qu’il est donc du devoir des journalistes de s’engager dans lutte contre la désinformation. « En démocratisant les techniques du fact-cheking à travers des formations, on pourrait un jour ou l’autre remporter la bataille contre la désinformation », a-t-il conclu.

Pour Elisabeth Zézé Guillavogui, il était important de mettre à jour ses compétences avec des nouvelles pratiques et de « développer un nouveau réseau ». Pour elle, la plus-value de la formation ce fut « l’acquisition de nouvelles notions pour une vérification dans un cyberespace mouvant ».

Cette session de renforcement des capacités des journalistes des médias numériques et des radios communautaires se tient à l’orée de 2024. Une année dans laquelle la Guinée doit organiser plusieurs échéances électorales qui marqueront la fin de la transition entamée le 5 septembre 2021.

Rappelons que depuis maintenant quelques années, les élections sont des moments propices pour la profusion des opérations de désinformation dont le but consiste à semer le doute dans les institutions électorales et l’intégrité des résultats issus des urnes. Ces enjeux ont donc été à plusieurs fois rappelés aux journalistes par les différents facilitateurs.

Enfin, parallèlement à cette formation, dans le cadre de la mise en œuvre du projet EMIN+ avec l’appui de l’OIF, une rédaction hydrique (virtuelle) pilotée par Guineecheck est opérationnelle en partenariat avec cinq médias numériques et cinq radios pour la production, la diffusion et la transcription des contenus vérifiés dans quatre langues du pays (pulaar, maninka, soussou et kpèllé) et en français.

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