La candidature indépendante, c’est l’autre innovation dans l’avant-projet de la nouvelle constitution présenté au peuple de Guinée le 29 juillet dernier. Dans cette mouture présentée par le Cnt, on note plusieurs innovations dont entre autres, la limite d’âge à 80 ans pour les candidats à la présidentielle, l’instauration du débat radiotélévisé entre les candidats, l’institution d’un parlement bicaméral composé (d’une Assemblée nationale et d’un Sénat)…
Mais, parmi ces innovations, celle qui a le plus retenu l’attention de l’opinion, c’est la candidature indépendante qui est d’ailleurs une première en Guinée en ce qui concerne l’élection présidentielle, et c’est elle qui fait l’objet de débat. Selon maître Mouley Ismael Diallo, juriste consultant indépendant, basé à Labé, qui s’est confié à la rédaction de foutakameen.com, cette candidature indépendante n’est pas mal en soi.
« Vous savez si on réfléchit comme si on veut juste critiquer ça peut ne pas apporter. La candidature indépendante, ça se fait dans d’autres pays. Maintenant chez nous c’est une première peut-être à tous les niveaux sinon au niveau des Communes on avait déjà expérimenté. Là où on avait expérimenté on a compris que ces candidatures indépendantes ont battu les partis politiques même les plus reconnus. Ce qui veut dire que c’est une option que l’on peut expérimenter parce que les partis politiques c’est vrai ils ont des militants mais quand-même c’est pas tout le monde qui se retrouve dans les partis politiques. On peut expérimenter parce qu’on n’a pas interdit les partis politiques. Les candidatures indépendantes sont acceptées en plus les partis politiques. Maintenant si un candidat présenté par un parti politique, là il a ses militants, il a les citoyens qui vont voter il peut être élu. On dit pas que les partis sont écartés c’est juste un plus parce que la participation individuelle et personnelle c’est ce qui a été ouverte mais avec des conditions. Parce que le parrainage qui est mis en jeu, c’est pas finalisé encore. Parce que au minimum le parrainage ça doit être les un pour cent (1%) de l’électorat. Si c’est dans une commune le candidat il faut qu’il ait au moins les un pour cent (1%) de parrainage. On a vu des partis politiques ici qui ont présenté des candidats ils n’ont même pas eu 0%, c’est zéro virgule… Peut-être un parrainage peut avoir plus de voix que ce genre de partis », fait observer le juriste qui a expliqué comment se fera le parrainage de la candidature indépendante.
« Il y aura une loi qui va déterminer comment le parrainage va se faire. Il y aura une loi organique à ce niveau, voilà si c’est le parti comment il va le faire, si c’est la candidature indépendante comment ça doit se faire. Donc c’est à peu près des options qui sont là, c’est pas n’importe qui va se lever pour dire que je suis candidat et puis sans rien prouver. Il faut quand-même avoir quelques personnes qui te soutiennent qui même ont un nombre qui peut être plus qu’un parti politique légalement reconnu. C’est des mesures qui seront tracées et puis ça va apporter », a clarifié maître Mouley Ismael.
Après la publication de cet avant-projet, des acteurs politiques ont affirmé que l’instauration de la candidature indépendante est une manière d’ouvrir la voie vers la candidature du président de la transition, qui pourtant avait pris l’engagement de ne pas se présenter lors de la présidentielle qui marquera la fin de la transition. Si cette inquiétude émerge au sein de la classe sociopolitique, le juriste ne trouve pas d’objection à une eventuelle candidature de Mamadi Doumbouya. Puisque selon lui, cet engagement est une question d’honneur et non juridique.
« À ce niveau peut-être ils peuvent le penser même moi je peux le penser mais c’est pas anormal. Je parle franchement. Ici on parle de la constitution et quand la constitution sera adoptée on ne parlera plus de charte. Parce qu’il n y aura pas deux constitutions et quand on aura la constitution on ne parlera plus de charte. Et la loi elle est générale, elle n’exclut personne. Que les gens le comprennent, l’acceptent et l’adoptent ainsi. Peut-être même les 99% de Guinéens ne vont pas se présenter à l’élection présidentielle. Mais ceux qui veulent ils ont l’ouverture, que les gens comprennent cela. Y a pas à dire tel ne doit pas faire ceci, la loi ne réagit pas comme ça. Maintenant un membre du Cnrd peut dire moi je ne me présente pas mais ça ne veut pas dire que la loi l’interdit, c’est une question de parole donnée. Les politiciens doivent d’abord être intelligents et en plus gentils. Parce que si on parle d’exclusion, si c’est pas prévu par une loi, ce que les politiques doivent comprendre que ça n’a aucune garantie. Et si on parle d’exclusion, que les politiciens refusent de dire tel et tel ne se présentent pas parce que sinon, on peut dire par exemple, le Cnrd ne se presente pas, tous ceux qui ont tripatouillé la constitution ne se présentent pas, tous ceux qui ont participé à de tels comportements ne participent pas aux élections. Finalement peut-être, la majorité de ceux qui pouvaient se présenter seront écartés et là en ce moment on ne parlera plus de loi. On parlera des mesures d’exclusion et il n y a pas des mesures d’exclusion dans une loi », a précisé notre interlocuteur.
Mamadou Aliou Diallo pour foutakameen.com
Tél : 622 20 09 70
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