Le gouvernement Bah Oury, à travers le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation, a suspendu la délivrance des agréments aux organisations non gouvernementales et aux mouvements associatifs. Pour le renouvellement des documents administratifs des structures déjà agréées, le MATD conditionne le processus par l’évaluation de leurs actions sur le terrain. Cette mesure des autorités de la transition fait objet à une avalanche de critiques au sein de l’opinion.
C’est le cas d’Amnesty International Guinée. Pour le président de cette structure, le département dirigé par Elhadj Ibrahima Kalil Condé vient d’officialiser une décision qui existait tacitement déjà, depuis près ou plus d’une décennie.
« On était vraiment surpris de voir la décision encore que, il n’y a rien de nouveau dedans parce que pratiquement depuis 2010 ou 2015, on ne délivre pas des agréments aux organisations… Il y a des structures qui ont des agréments mais qui utilisent les relations interpersonnelles pour les obtenir. Mais à dire que suivre la voie légale pour obtenir, c’est une problématique. Alors comment on peut suspendre quelque chose qui est déjà suspendue depuis près de dix ans? C’est quelque chose que nous vivons déjà, ça n’a pas d’effets en quelques sortes », rappelle Abdoulaye Aziz Diallo.
Comme raisons évoquées dans la décision, le constat relatif aux dysfonctionnements et aux actions de troubles à l’ordre public menées sur le terrain par plusieurs ONG et mouvements associatifs. Le président d’Amnesty International Guinée s’y oppose et estime que cela traduirait une lecture erronée sur les actions des ONG.
« En réalité, la société civile constitue un contre-pouvoir. On ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire. On ne peut ne pas consacrer la liberté d’association et dire que telle association doit se regrouper et telle autre non. L’État a l’obligation de vérifier. Quand moi et plusieurs autres décidons de créer une association, on suit les principes et règles prévus par la loi L013. On fait des statuts et règlements. Là, il y a un objectif, des buts bien définis. Je ne vois pas une association qui met dans ses buts, trouble à l’ordre public. L’objectif des ONG c’est d’aller là où l’État ne peut pas aller généralement», conclut-il.
Cette suspension de délivrance des agréments est temporaire selon le ministère de l’administration du territoire et de la décentralisation. Elle s’étend sur une période de quatre mois à compter de la date de signature du document, indique le département.
Amara Bangoura, pour foutakameen.com
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