Ce 9 septembre 2024 fait exactement deux mois depuis que Foniké Mengué et Billo Bah, respectivement coordinateur national et chargé de mobilisation du Front national pour la défense de la constitution (FNDC), ont été enlevés. Malgré le rejet continu de toute responsabilité par les autorités de la transition, les familles des deux activistes de la société civile guinéenne restent persuadées qu’elles « les détiennent ».
Où sont les deux leaders du FNDC ? La question se pose depuis 60 jours mais impossible d’y répondre avec certitude. Jusqu’ici, tout ce qui se dit les concernant est fait sur la base des suppositions et du témoignage de leur ancien codetenu. Celui-ci, à savoir Mohamed Cissé, qui est aussi du FNDC, a été libéré le lendemain de son arrestation.
Dix jours plus tard, soit le 20 juillet, une vidéo de lui, le montrant en train de raconter la scène de son enlèvement avec les autres a été publiée sur les réseaux sociaux. C’est ce qui a révélé au public que Foniké Menguè et Billo Bah étaient incarcérés dans une prison à Kassa, une île aux larges de Conakry. Mais le 25 du même mois, le porte-parole du gouvernement a animé une conférence de presse au cours de laquelle il a démenti l’existence d’une prison à Kassa. Il en a profité aussi pour rejetter les accusations d’implication des autorités dans l’enlèvement des deux responsables du FNDC. Une position soutenue et réitérée par le CNRD.
« Il y a des assassinats et enlèvements dans tous les pays », c’est qu’a récemment dit le général Amara Camara, une des figures de la junte au pouvoir en Guinée. C’était en réponse à la question sur l’insécurité et les disparitions dans le pays. Question qui lui a été posée dans la synergie des radios lors de la célébration de l’an 3 du putsch du 5 septembre 2021.
Certains proches des deux activistes enlevés sont déjà désespérés de les retrouver vivants. En août dernier, Mamadou Sylla, leader politique et oncle maternel de Foniké Mengué, a déclaré être sûr à « 90% » que son neveu et Billo Bah « ne sont plus en vie ».
Foniké Mengué et Billo Bah ont été enlevés alors qu’ils se préparaient à une nouvelle mobilisation contre le CNRD. L’objectif était de relancer la pression pour le retour diligent à l’ordre constitutionnel. Initiative après laquelle, leur disparition a été constatée.
Les libertés d’expression et de manifestations sont de plus en plus restreintes en Guinée par la junte militaire au pouvoir. Des radios et télévisions privées sont fermées, des anciens dignitaires incarcérés, des opppsants contraints à l’exil, notamment le plus influent, Cellou Dalein Diallo, et les tentatives de manifestations réprimées.
Pour ce qui est du retour à l’ordre constitutionnel, il ne semble plus une priorité pour les autorités en place. Les promesses de départ sont mises de côté et les velléités de s’accrocher aux commandes affichées. Des mouvements de soutien pour la continuité au pouvoir du général naissent un peu partout dans le pays.
Oury Maci Bah, pour foutakameen.com
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