A Sassé, c’est l’endroit qui refoule du monde à partir de 18heures. Dans cet endroit, vendeurs et acheteurs se bousculent. Les uns pour écouler leur marchandises, les autres pour s’en approvisionner. La vente de ces chaussures très luxueuses et garanties selon les vendeurs et les clients, est devenue une sorte de concurrence avec les autres types de chaussures rendues dans de lieux plus attirants.
Ibrahima Solokaya est vendeur de friperie à Sassé depuis des années. Il explique comment il s’est lancé dans cette activité.
«Ça fait vingt ans je revends des chaussures et je fais partie des premiers vendeurs de friperie à sassé ici. Je suis le premier peul à être venu ici. Quand je suis venu ici, il y’avait des jeunes malinkés qui le faisaient et je suis venu les joindre. Mais depuis lors, je remercie Dieu parce qu’aujourd’hui, nous les jeunes de Solokoya sommes nombreux ici. Nous sommes dans la vente des chaussures, provenant de l’Europe, de l’Amérique et de l’Italie mais tout récemment, les chinois ont aussi commencé d’en envoyer mais la qualité n’est pas la même c’est pourquoi nous ne revendons pas trop ce qui vient de la Chine parce que leurs produits, c’est très joli et dès que tu vois, tu as directement envie d’acheter mais le plus souvent, c’est le regret après l’achat », indique-t-il, tout en énumérant quelques difficultés qu’il rencontre dans l’exercice de cette activité.
« La plus grande difficulté dans ce milieu, c’est l’adaptation sinon quand ils envoient, ils te font savoir qu’il y’a toutes les marques et toutes les qualités, ça dépend de ta poche. L’autre difficulté est le fait que nous soyons confrontés au vol, moi j’ai été victime de vol une dizaine de fois et malheureusement, même quand tu mets main sur ton malfrat, il n’y a pas de suite. Mais le plus souvent si tu achètes la bonne qualité, tes clients et toi serez satisfais même si ton bénéfice sera minime. Et si tu mets ton intérêt au dessus, tu perds le plus souvent avec certaines qualités. Actuellement, je suis le vétéran des vendeurs de chaussures friperies ici. Dieu merci, le peu que je gagne couvre mes besoins parce que nous avons tous construit à travers cette vente, chacun arrive à s’en sortir », explique Ibrahima Solokaya.
De son côté, Ousmane Diallo, mère de famille, fait toujours ses achats au niveau de la friperie pour ses enfants, et pour elle aussi. Elle trouve déjà satisfaction.
« Si nous avons choisi la friperie, c’est parce qu’ici, les chaussures qu’on trouve sont de très bonne qualité, sont jolies et sont moins chères. Si tu as par exemple 5 enfants, ce n’est qu’à la friperie ici que tu pourras acheter des paires de chaussures pour tous les 5. Et avec ça, les enfants peuvent rester toute l’année scolaire avec la même paire. C’est pourquoi nous préférons venir ici pour nos chaussures ainsi que celles de nos enfants », confie-t-elle.
Cet autre vendeur lui, importe depuis Conakry les chaussures qu’il revend contrairement à son prédécesseur qui, lui , sa marchandise est importée directement à partir de l’Europe. Le hic selon lui, est qu’il retrouve souvent des chaussures usées dans ses colis qu’il ne peut revendre.
« Comme dans tout travail, nous avons aussi des difficultés qui sont entre autres: la mauvaise qualité de certaines paires de chaussures, tu peux dans un sac de 50 paires de chaussures, ne trouver que 20 qui sont de bonne qualité, c’est pourquoi le prix est parfois exorbitant. Une fois les chaussures sur place, quand nous délivrons, les chaussures les plus jolies sont les plus chères. Et celles qui sont un peu usées sont vendues à bas prix. Dans nos différentes boutiques, nous étalons les chaussures que nous trouvons plus bonnes même si certains ne font pas la différence, pensant que toutes les chaussures sont de la même qualité. Les prix varient aussi en fonction de la qualité. Il y’a aussi les marchands ambulants qui viennent s’approvisionner chez nous », raconte Mamadou Bah, un autre vendeur des chaussures de friperie.
Une autre difficultés que ces vendeurs sont confrontées en cette période des pluies, c’est le séchage des chaussures qu’ils lavent avant de les mettre sur le marché.
« Nous faisons le lavage des chaussures, et après ici, nous étalons sur les tables en attendant l’arrivée des clients. Si nous prenons les chaussures des enfants, nous en revendons beaucoup à l’approche de l’ouverture et le reste, c’est à l’occasion de certains événements. Pendant cette saison pluvieuse, nous avons parfois du mal à faire sécher certaines chaussures à cause de l’absence du soleil », se plaint cet autre vendeur.
Pour cet autre interlocuteur, il affirme souvent être victime de la part de ceux auprès de qui il importe sa marchandise. Côté loyer il affirme que son locateur est très coopératif.
« Nous nous débrouillons dans la vente des chaussures. Quand il y’a un manque ici, nous importons de la Chine et si ça retarde, nous nous approvisionnons à partir de Conakry en attendant que nos commandes arrivent. Notre plus grande difficulté, c’est le fait que ça ne soit pas nous-mêmes qui partons parfois à la recherche de la marchandise. Ceux qui partent peuvent venir te monter de belles images en te promettant la même chose mais une fois ici, c’est le contraire et malheureusement, il se trouve parfois que tu as déjà payé. Pour ce qui est lié au local, personnellement je ne rencontre aucune difficulté. Le propriétaire est très sympa et compréhensif avec nous. Il y’a aussi des gens qui viennent emprunter sans rembourser, c’est aussi une difficulté par exemple ceux qui se rendent dans les marchés hebdomadaires », révèle-t-il.
Il faut rappeler que dans la commune urbaine de Labé, l’endroit appelé sassé, est celui où se bousculent vendeurs et acheteurs, pour s’offrir de chaussures de friperie de qualité.
Mamoudou Talibé Bald pour foutakameen.com
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