Lors d’un débat organisé par nos confrères de RFI au Centre culturel franco-guinéen, Aliou Bah, président du parti Model, n’a pas mâché ses mots envers les dirigeants actuels, à savoir la junte au pouvoir. S’exprimant sur la dissolution de certains partis politiques, la suspension d’autres et la mise en observation de plusieurs, M. Bah a estimé que la junte n’était pas légitime et que les partis politiques sont bien plus anciens que cette dernière.
Aliou Bah a dénoncé les actions du CNRD (Comité national du rassemblement pour le développement), qu’il juge illégitimes.
« Deux anomalies. D’abord, il n’appartient pas à une autorité d’évaluer un parti politique ; ce rôle revient aux électeurs. Un parti politique est destiné à participer aux élections. Qui évalue le CNRD pour vérifier s’il est en règle ? En réponse, nous aurions demandé au CNRD de nous présenter son agrément. Le CNRD n’en a pas. Sur quelle base cette évaluation a-t-elle été menée ? », s’est interrogé le président du Mouvement démocratique libéral MoDeL.
Il a également critiqué la méthode utilisée pour mettre certains partis sous observation.
« Lorsque nous avons examiné la procédure, nous avons constaté que la junte avait un agenda caché. Mettre des partis politiques en observation, comme le nôtre, sous prétexte d’irrégularités mineures, par exemple ne pas avoir paraphé toutes les pages des états financiers, est une stratégie pour les affaiblir. Or, si l’administration veut vérifier les comptes d’un parti, elle n’a qu’à interroger les banques pour obtenir des informations précises. Il n’est pas nécessaire de faire du bruit à ce sujet. »
Le président du Model a également déploré l’attitude des autorités de la transition.
« Le ministère tient un discours plus politique que technique. Selon les accords, la transition doit se terminer en décembre 2024. Le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, avait clairement affirmé qu’il ne prolongerait pas son mandat après le 31 décembre. Jusqu’à preuve du contraire, nous nous en tenons à cela. Cependant, occuper les partis politiques par des intimidations et des menaces d’élimination est inacceptable », déclare-t-il.
Il a conclu en affirmant que « la transition n’est pas légale, le CNRD n’a pas d’agrément, et les organisations politiques sont plus anciennes et légitimes que la junte militaire. »
Aliou Bah s’est également exprimé sur le procès du massacre du 28 septembre 2009.
« Dans un pays habitué à l’impunité des dirigeants, nous avons salué le principe même de ce procès. Cependant, parmi les attentes principales, figure la garantie que de tels événements ne se reproduisent pas. Or, aujourd’hui, nous vivons une transition où, selon des rapports crédibles, plus de 60 Guinéens ont été tués sans qu’aucune justice ne soit rendue », déplore Aliou Bah.
Il a également dénoncé l’absence de réponses de la junte actuelle sur certains cas de disparitions.
« Alors que le capitaine Dadis Camara a été condamné pour sa responsabilité de commandement, le chef actuel de la junte ne s’explique même pas sur les cas de kidnapping. Deux de nos compagnons de lutte, Foniké Menguè et Billo Bah, sont portés disparus depuis le 9 juillet. L’argument du gouvernement pour justifier cette situation est que des adultes peuvent disparaître. C’est une honte pour l’autorité de l’État. »
Boubacar Diallo, pour foutakameen.com
COMMENTS