Ousmane Gaoual Diallo, actuel ministre des Transports et porte-parole du gouvernement de transition, ravive les débats autour de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), parti dont il a été exclu. Cette fois, il ne s’agit pas de sa réintégration au sein du parti, mais plutôt de la question de son ancienneté au sein de l’UFDG, ainsi que celle de l’adhésion de son actuel dirigeant, en l’occurrence Elhadj Cellou Dalein Diallo – en exil depuis la prise du pouvoir par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD). Et c’est à Monrovia, au Libéria, que Gaoual a choisi de lancer cette nouvelle offensive, sachant pertinemment que les réactions ne tarderaient pas à fuser – tant de la part des membres du parti, que des militants et surtout des internautes, à qui rien n’échappe.
Quels propos du ministre Ousmane Gaoual ont irrité les cadres et militants de l’UFDG et nourri le débat public ?
En séjour au Libéria, pays frontalier de la Guinée, la semaine dernière, Gaoual s’est rendu à la mosquée « Unity Foundation Mosque » de Fish Market pour la prière du vendredi. Des compatriotes guinéens, manifestement désireux de l’interpeller, l’attendaient dans la cour de la mosquée. Pendant qu’il prononçait un discours à l’intérieur du lieu de culte, certains d’entre eux scandaient des slogans hostiles à son encontre.
Parmi eux, on pouvait entendre : « Ousmane zéro, il n’y a pas de démocratie en Guinée, ici chacun doit exprimer ses droits », exprimant ainsi leur mécontentement à l’égard de l’ancien conseiller politique de Cellou Dalein Diallo.
Un jeune homme, visiblement choqué par les positions de Gaoual vis-à-vis de l’UFDG et de son président, a pris son courage à deux mains et s’est directement adressé au ministre, l’accusant de trahison envers le parti. C’est suite à cette interpellation que le ministre a décidé de s’exprimer sur son parcours politique et celui de Cellou Dalein au sein de l’UFDG.
Peu après cette altercation, Ousmane Gaoual a rencontré les membres d’une coalition de soutien au président de la transition, dénommée « Coordination dynamique des Guinéens pour le soutien des actions du chef de l’État », en référence au Général Mamadi Doumbouya. Lors de cet échange, Gaoual, visiblement affecté par les accusations de trahison proférées contre lui à la mosquée, le vendredi 9 mai 2025, a tenu à se justifier.
Pour appuyer ses arguments, le fondateur du mouvement CERAG (Cercle des Amis de Gaoual) a rejeté les accusations, affirmant qu’il était plus ancien que Cellou Dalein au sein de l’UFDG. Pour contrer ceux qui prétendent que Cellou l’aurait forgé politiquement, il déclare avoir déjà acquis une base politique avant de le rencontrer, allant jusqu’à affirmer qu’il est celui qui a accueilli Dalein au sein du parti.
« Quand le président Cellou est venu à l’UFDG en 2007, cela faisait 20 ans que j’étais militant du parti. Ce n’est pas lui qui m’a fait adhérer à l’UFDG, au contraire, c’est moi qui l’y ai accueilli », avait-il déclaré.
Mais, cette affirmation résiste-t-elle à l’examen des faits ?
Pour y voir plus clair, la rédaction de Foutakameen.com a consulté plusieurs sources, notamment le site personnel d’Ousmane Gaoual Diallo (ousmane-gaoual.com) dans la rubrique Biographie, et la plateforme Wikipedia.
Selon sa biographie officielle, son engagement politique commence en 1987 au sein du Parti Guinéen du Progrès (PGP). L’UFDG créée le 16 septembre 1991 selon wikipedia, par Amadou Oury Bah, actuel premier de transition guinéenne – exclu de la formation politique qu’il a créée – n’est donc pas son premier parti.
Sur son site, on peut lire :
« En 2005, il entame son engagement politique au sein du Parti Guinéen du Progrès. En étant proche de l’UFDG, il finit par intégrer en 2005 leur équipe chargée des questions électorales. »
Cette information corrobore avec celle fournie par Wikipedia, qui précise également :
« Il commence son engagement politique au sein du Parti guinéen du progrès (PGP) d’Elhadj Alpha Abdoulaye Portos Diallo. Le PGP étant proche de l’UFDG de Cellou Dalein Diallo, il finit par intégrer en 2005 leur équipe chargée des questions électorales. »
Il ressort donc qu’Ousmane Gaoual a rejoint l’UFDG en 2005, soit 18 ans après ses débuts politiques en 1987 au sein du PGP.
Quant à Cellou Dalein Diallo, son arrivée à l’UFDG remonte à novembre 2007, date à laquelle il en devient le président après avoir été limogé de son poste de Premier ministre en avril 2006 par le président Lansana Conté pour « faute lourde ».
« En novembre 2007, Cellou Dalein Diallo est élu président de l’Union des forces démocratiques de Guinée », peut-on lire sur Wikipedia.
Conclusion :
L’affirmation selon laquelle Ousmane Gaoual a adhéré à l’UFDG avant Cellou Dalein Diallo est factuellement exacte : il y est entré en 2005, soit deux ans avant Cellou en 2007.
En revanche, la déclaration selon laquelle il était militant de l’UFDG depuis 20 ans au moment de l’arrivée de Cellou en 2007 est manifestement fausse. Il n’avait que deux ans d’ancienneté dans ce parti à cette date.
Question : Comment expliquer qu’avant l’arrivée de Cellou à l’UFDG, Gaoual affirme avoir déjà cumulé 20 ans de militantisme au sein de ce parti, fondé pourtant en 1991, alors qu’il a commencé sa carrière politique en 1987 avec le PGP ? Il y a donc un écart de quatre ans entre son entrée en politique et la création de l’UFDG, qu’il affirme avoir rejoint 20 ans avant Cellou. Donc, il a adhéré à l’UFDG 14 ans après sa création (1991-2005). Cette déclaration semble alors en contradiction avec son parcours politique et ne concorde pas avec les faits.
Ainsi, s’il peut légitimement revendiquer une antériorité par rapport à Cellou au sein de l’UFDG, il ne peut pas prétendre y militer depuis 20 ans en 2007.
Cette tentative de réécriture de l’histoire, que certains qualifieraient de révisionnisme politique, ne résiste donc pas à l’épreuve des faits.
La Rédaction
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