Depuis la rénovation du stade régional de Labé par un opérateur économique guinéen il y a quatre ans, les autorités en charge de sa gestion interdisent toute manifestation culturelle en son sein. Une décision qui ne réjouit pas les promoteurs culturels. Ces derniers se plaignent du manque de lieux de spectacle dans la préfecture de Labé et dénoncent la non autorisation de l’organisation des spectacles à l’intérieur du stade régional Elhadj Saïfoulaye Diallo.
Ibrahima Sory Kouyaté, un promoteur culturel basé à Labé, exprime les difficultés que leur cause cette interdiction :
« Aujourd’hui, si tu n’as pas une valeur de 200 millions, tu ne peux pas prétendre organiser un spectacle à l’aéroport. Parce que ça demande beaucoup de fonds : il faut clôturer l’enceinte de l’aéroport, payer la sécurité pour encadrer les lieux… Tout cela nous cause beaucoup de peine. C’est pourquoi nous demandons l’autorisation d’utiliser le stade pour les spectacles. Au-delà de l’organisation, cela peut aussi aider le stade à générer des fonds pour son fonctionnement», fait savoir ce promoteur culturel.
Interrogée par notre rédaction sur les rasions de cette restriction, la direction du stade revient sur ses exigences pour accorder une autorisation d’utilisation du stade à des fins culturelles.
Boubacar Sow, directeur adjoint du stade régional de Labé, explique les raisons de cette interdiction :
« Il y a des stades où des concerts ont été organisés, mais à la fin, beaucoup de matériels ont été détruits. Il a fallu que d’autres personnes viennent réparer ces stades à la place des organisateurs. C’est pourquoi, nous, au stade régional de Labé, nous n’acceptons pas pour le moment l’organisation de concerts, depuis que le stade a été reconstruit, pour éviter qu’il retombe dans un mauvais état. C’est un bien public. Nous ne l’interdisons pas par simple volonté, mais par crainte qu’il soit dégradé. Parce que vous n’êtes pas sans savoir que, dans les concerts, toutes sortes de personnes viennent : des fumeurs, par exemple, qui peuvent faire tomber leurs cigarettes sur le gazon, ce qui peut causer des pertes. Donc actuellement, le stade n’est pas autorisé à accueillir des événements culturels comme des concerts », explique-t-il.
Face à cette situation qui pénalise les promoteurs culturels, quelles sont les conditions à remplir pour obtenir une autorisation d’organiser un spectacle ? M. Boubacar Sow répond :
« Les exigences que nous demandons sont les suivantes : le promoteur culturel qui veut organiser un spectacle doit d’abord avoir un RCCM (Registre du commerce et du crédit mobilier), ensuite une quittance en cours de validité, et troisièmement, il doit s’acquitter de ses droits au niveau de l’Agence guinéenne des spectacles. Enfin, il doit signer un engagement écrit à réparer tout ce qui serait éventuellement endommagé après l’événement. Il verse une caution en fonction de la valeur du lieu. Si aucun dégât n’est constaté après l’événement, il récupère sa caution. Dans ces conditions, nous pouvons accorder l’utilisation du stade», précise le directeur adjoint du stade.
Quelle garantie les promoteurs peuvent-ils offrir à la direction du stade pour obtenir une autorisation ? Ibrahima Sory Kouyaté répond :
« Moi, je peux prendre l’engagement que si on nous donne le stade, nous prendrons toutes les précautions nécessaires pour bien l’entretenir. Parce que nous ne voulons pas être la cause de la destruction de ce bien commun. En premier lieu, nous allons convoquer un huissier de justice pour inspecter tous les lieux, dresser un procès-verbal, et nous allons signer un engagement écrit. Si quelque chose est endommagé, nous nous engageons à réparer. Nous le promettons », s’engage-t-il.
De par le passé ce promoteur soutient d’ailleurs, qu’ils avaient pris des engagements pareils pour obtenir l’organisation de leurs événements au sein du stade, en vain. Cette pour cette même raison qu’ils se sont tournés vers l’aéroport régional de Labé pour la tenue de leurs événements. Ce, en dépit du coût élevé des dépenses.
Abdourahmane Baldé pour foutakameen.com
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