Blocus sur la route Mamou-Labé suivi de bagarre : « c’est l’égoïsme et la faim qui déclenchent ces bagarres », témoignent des chauffeurs

Blocus sur la route Mamou-Labé suivi de bagarre : « c’est l’égoïsme et la faim qui déclenchent ces bagarres », témoignent des chauffeurs

La route reliant la capitale Conakry à la région administrative de Labé, en passant par Mamou, notamment dans la localité de Boulliwel, est quasiment impraticable depuis plus d’une semaine. Chauffeurs et passagers y vivent un véritable calvaire, surtout sur le tronçon Dalaba–Pita–Labé, fortement dégradé. Cette situation indigne les transporteurs de Labé, dont le syndicat appelle les autorités à assumer leurs responsabilités pour la réhabilitation urgente de cet axe routier vital.

Un chauffeur venu de Conakry, rencontré à la gare routière de Kouroula (commune urbaine de Labé) 72 heures après son départ, témoigne des difficultés rencontrées sur cette artère :

« Actuellement, on ne peut même pas décrire l’état de la route Mamou-Labé. Depuis que je conduis, je n’ai jamais vu une route aussi dégradée. Il n’y a pas de bon itinéraire, tout est dans le même état. Certains sont coincés là-bas depuis une semaine, sans nourriture. Les gens se battent, les gendarmes accentuent le désordre, plusieurs chauffeurs en sont venus aux mains. C’est l’égoïsme et la faim qui déclenchent ces bagarres », explique Mamadou Diouma Diallo.

Selon lui, l’état de la route entraîne également l’abandon des trajets par certains passagers, ce qui impacte gravement les chauffeurs.

« Des passagers descendent et ne reviennent plus à cause de l’attente interminable. Certains chauffeurs sont obligés de rentrer avec une voiture vide. Le vrai calvaire se situe entre Dalaba et Mamou. L’État est au courant de tout cela, mais refuse d’intervenir», fustige ce chauffeur.

Mamadou Oury Bah, un autre chauffeur ayant quitté Conakry il y a deux jours, raconte une expérience tout aussi éprouvante :

« Le tronçon Mamou–Dalaba nous a considérablement retardés. Certains chauffeurs sont bloqués depuis plus de six jours. Il faut appeler du renfort depuis Labé, les passagers sont obligés de marcher pour rejoindre Dalaba. Avant-hier, il y a eu une bagarre entre chauffeurs pour du carburant, et un de mes amis a été blessé. Le gouvernement doit impérativement revoir l’état de cette route », décrit cet transporteur.

De son côté, Mamadouba Camara, chargé des conflits et négociation au sein du CNTG Labé, dénonce une situation devenue selon lui insupportable :

« La souffrance des chauffeurs a atteint un niveau inacceptable. Le syndicat a même honte ! Le tronçon Mamou–Labé est un calvaire pour tous les usagers. Nous avons mobilisé des fonds pour faire une déviation à Bouliwel, mais à Thiankoun aujourd’hui, la route est totalement impraticable. C’est une honte nationale. Un chauffeur peut rester coincé jusqu’à quatre jours. Certains préfèrent emporter du riz et de quoi cuisiner sur place pour ne pas mourir de faim. Plus de 50 camions sont bloqués là-bas depuis avant-hier », explique ce syndicaliste.

Face à cette impasse, les transporteurs n’ont d’autre choix que d’emprunter des itinéraires alternatifs, tout aussi difficiles.

« Les chauffeurs passent désormais par Fougoumba, dans Porédaka, pour atteindre Dalaba. C’est une route nationale qui, si elle était réparée, deviendrait une grande fierté pour le pays. Mais aujourd’hui, les gendarmes postés de km 36 à Yomou, de Yomou à Koundara, et de Koundara à Boké, perçoivent des taxes, pourtant rien n’est fait pour réparer les routes. Ce que nous payons ne se reflète pas dans leur état. Nous souffrons énormément », déplore le syndicaliste du CNTG Labé.

Il faut rappeler que plusieurs promesses ont été faites par les autorités, notamment par le Premier ministre Amadou Oury Bah, concernant la réhabilitation de cette route stratégique. Malheureusement, ces engagements restent jusqu’à présent sans suite.

Abdourahmane Baldé pour foutakameen.com

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