La plupart des foyers coraniques situés dans les zones rurales éloignées des centres urbains font face à d’importantes difficultés, notamment le manque de confort et de moyens. Malgré cela, les maîtres coraniques ne baissent pas les bras. C’est le cas de Thierno Abdoul Ghadiri Diallo, qui se bat pour offrir un avenir meilleur à ses élèves. À Bely, une localité relevant de la préfecture de Koubia, se trouve le foyer coranique dirigé par Thierno Abdoul Ghadiri Diallo.
Depuis octobre 2009, ce maître coranique y forme des enfants dans des conditions précaires mais avec une détermination remarquable.
« Nous enseignons le Coran ici depuis octobre 2009. Des enfants de tous âges viennent apprendre à mémoriser le Coran. Beaucoup d’élèves l’ont entièrement mémorisé dans notre foyer. Mais cela ne s’arrête pas là : nous leur apprenons aussi la traduction du texte sacré. En plus du Coran, nous enseignons d’autres livres religieux comme les hadiths, la charia, etc. », explique-t-il.
Malgré les difficultés liées à la prise en charge des disciples, Thierno Abdoul Ghadiri ne fixe aucune condition d’inscription.
« Nous n’avons quasiment pas établi de conditions pour inscrire les enfants. Nous sommes en milieu rural, où les populations manquent de moyens. Ici, nous enseignons par passion, car nous aussi avons bénéficié de l’encadrement d’autrui. Certains parents font malgré tout des efforts pour contribuer à la prise en charge des élèves », précise-t-il.
De nombreux élèves fréquentent le foyer coranique, certains cumulant études classiques et apprentissage du Coran, comme le souhaitent leurs parents.
« Les élèves sont nombreux. Tous ne sont pas présents en permanence : certains vont à l’école pendant la journée. Une fois qu’un élève est inscrit ici, il ne part qu’après avoir mémorisé l’intégralité du Coran. Pour les motiver, nous devons parfois faire des promesses. Seuls cinq à six élèves rentrent chez eux chaque jour, les autres restent sur place. Plusieurs de ceux qui ont mémorisé le Coran ici ont ouvert leur propre foyer coranique, même à Safatou, dans la commune urbaine de Labé. Cela me rend fier. Je ne connais pas le chiffre exact, mais plus de 20 filles ont mémorisé le Coran ici, et le nombre de garçons tourne autour de quarante à soixante», se réjouit ce maître coranique.
Cependant, les difficultés sont nombreuses.
« Nous avons commencé avec une simple case, sans imaginer qu’un jour nous aurions autant d’élèves. Aujourd’hui, nous manquons d’espace ou les études vont se faire et là où les enfantz doivent se coucher. Ils dorment en nombre, dans des conditions peu favorables, ce qui expose à des problèmes de santé, surtout en cette saison des pluies», se lamente-t-il.
Selon le maître coranique, la majorité des élèves sont âgés de 7 à 12 ans, et bon nombre d’entre eux sont orphelins.
« Nous avons des élèves de tous âges, mais la majorité a entre 7 et 12 ans. Beaucoup sont orphelins. Nous nous occupons de leur nourriture, vêtements, chaussures et soins de santé, grâce à l’aide de quelques bonnes volontés. Ceux qui ont encore leurs parents sont parfois soutenus par ces derniers », confie-t-il.
Pour améliorer les conditions d’apprentissage, Thierno Abdoul Ghadiri lance un appel :
« Nous avons un besoin urgent d’un bâtiment pour loger les élèves, ainsi que d’un système d’éclairage pour faciliter la lecture nocturne. Nous sollicitons le soutien des bonnes volontés, surtout sur le plan financier. Il nous faut aussi de l’eau. Quelqu’un nous a déjà aidés une fois, mais les besoins restent grands. Nous demandons à tous ceux qui peuvent de soutenir non seulement notre foyer, mais aussi tous les foyers coraniques de Guinée. »
Il est important de noter que, malgré les efforts fournis par certains acteurs dans ces foyers, beaucoup reste à faire pour améliorer les conditions de vie des élèves et enseignants.
Abdoul Karim Baldé et Boubacar Diallo pour foutakameen.com
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