Candidatures de Cellou et Sidya : le non-recensement peut-il les écarter ? L’avis d’un juriste

Candidatures de Cellou et Sidya : le non-recensement peut-il les écarter ? L’avis d’un juriste

Le non-recensement de Cellou Dalein Diallo, président de l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), et de Sidya Touré, président de l’Union des forces républicaines (UFR), continue de susciter de vives réactions au sein de l’opinion publique. Chacun y va de son interprétation : si les partisans de Dalein et de Sidya dénoncent une injustice, les soutiens du CNRD évoquent quant à eux des problèmes de résidence des opposants.

Pour mieux comprendre les implications juridiques de cette affaire qui fait couler beaucoup d’encre et de salive, notre rédaction a sollicité l’analyse de Me Mouley Ismaël Diallo, juriste.

« Vous savez, l’une des conditions pour être électeur et éligible, c’est de jouir pleinement de ses droits civiques et politiques. Mais si une personne ne figure pas sur la liste électorale, c’est déjà un handicap pour elle. À moins qu’une solution ne soit trouvée, à l’état actuel des choses, seuls ceux qui sont inscrits sur la liste électorale sont considérés comme citoyens électeurs et éligibles », explique le juriste.

Selon lui, la simple présence sur les lieux de recensement ne garantit pas l’inscription : c’est à la personne concernée de tout mettre en œuvre pour figurer sur la liste électorale.

« Le simple fait de se présenter au centre de recensement ne suffit pas, car certaines personnes ont dû y aller à plusieurs reprises avant de réussir à se faire enrôler. D’autres ont même patienté dix jours pour y parvenir. Il incombe à chacun de se battre pour faire valoir ses droits. On ne peut pas se contenter d’une seule présentation en pensant que c’est suffisant, puis croiser les bras en disant qu’on a été lésé. C’est vrai que l’on peut être victime d’un préjudice, mais encore faut-il avoir tout tenté pour défendre ses droits », insiste Me Mouley Isamel Diallo.

Qu’en est-il alors pour figurer sur la liste électorale lorsque le processus est déjà clos ? Le juriste précise :

« Chaque année, la liste électorale est révisée. Ainsi, ceux qui se trouvent en Guinée ou à l’étranger et qui n’ont pas pu se faire enrôler initialement pourront le faire à cette occasion. Mais il est impossible de résider en Guinée et de prétendre se faire recenser à l’étranger. De même, on ne peut pas habiter à Labé et vouloir se faire recenser à Lélouma. Dans ce cas, les autorités locales demanderont dans quelle partie de Lélouma vous résidez, car les chefs de secteur et de quartier veillent à l’authenticité des inscriptions. »

Et si les opposants ne parviennent pas à s’inscrire sur la liste électorale, quelles seront les conséquences sur leur carrière politique ?

« La première conséquence, c’est qu’ils ne prendront pas part à l’élection. S’ils ne figurent pas sur la liste électorale, ils ne pourront pas être candidats et ne seront pas non plus électeurs. Ce n’est pas une invention de notre part : la loi est claire, seuls ceux qui sont inscrits peuvent voter et se présenter. Pour les opposants qui ne se seraient pas fait enrôler, il sera donc très difficile de briguer un mandat pour le moment », prévient Me Mouley Ismaël Diallo.

Reste désormais à savoir si les principaux concernés engageront d’autres démarches pour être rétablis dans leurs droits.

Mamadou Aliou Diallo, foutakameen.com

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