Après le décès du conjoint, suit l’étape du deuil caractérisé par une période d’émotion et de consternation dans la famille du défunt. Dans la religion musulmane, cette période est également marquée par le veuvage de l’épouse si le défunt était marié. Période qui s’étend sur un intervalle de quatre mois et dix jours. Pendant cette période, la veuve est soumise à certaines restrictions ou exigences selon les principes de l’islam. Cependant, en Guinée, la manière d’observer le veuvage varie selon les coutumes propres à chaque communauté.
Au Foutah Djallon par exemple, il y a certaines caractéristiques à travers lesquelles, ont reconnait la veuve. Dans cette communauté très attachée à la religion musulmane, mais tout en accordant aussi une importance particulière à ses coutumes et traditions, il y a certaines pratiques qui entourent ce veuvage. Ces caractéristiques sont cependant diversement appréciées au sein de la communauté. C’est le cas du foulard blanc qu’on met sur la tête de la veuve, la cérémonie de fin de veuvage souvent faite avec faste et exagération… Des pratiques qui divisent les musulmans.
Pour savoir davantage sur les modalités du veuvage, les permis et les interdits, nous avons approché un chroniqueur islamique. En ce qui concerne le foulard blanc, que beaucoup considèrent comme étant celui sans lequel la femme qui a perdu son époux n’est pas entrée dans sa période de veuvage tant qu’on ne le met sur sa tête. Thierno Sarifou Dalein, à qui nous avons tendu la perche, nous informe que ce foulard est une manière de distinguer la veuve et celle qui ne l’est pas. Mais, qui n’a aucun rapport avec l’islam, donc qui n’est pas indispensable.
« Chez nous au Foutah Djallon toute femme qui a le foulard blanc sur sa tête, on se met directement à l’esprit que c’est une veuve. Le foulard blanc n’a aucun lien avec la religion musulmane, c’est une tradition », affirme le maître coranique.
En ce qui concerne l’accompagnement de la veuve à la rivière par des femmes, pendant sa période de veuvage, l’islam n’a pas à ce niveau aussi, spécifié comment ça doit être fait, dit notre interlocuteur.
« L’islam stipule que la veuve doit se laver mais le comment, ça n’a pas été spécifié. Chaque communauté le fait selon sa tradition. Dans la tradition peulh, des femmes accompagnent la veuve à la rivière pour se laver pendant sa période de veuvage », soutient-il.
Beaucoup font des innovations en rapport avec le veuvage et les assimile à la religion musulmane sans fondement. Le chroniqueur islamique explique les interdits liés au veuvage.
« Ce qui est interdit à la veuve, c’est de se parfumer, de se parer, de donner son accord à un homme pour le mariage pendant la période du veuvage. Tout ce qu’elle avait l’habitude de faire hormis ce qui est expressément interdit, elle peut le faire », indique Thierno Sarifou.
Les interdits que certains lient au veuvage tout en invoquant l’islam pour étayer leurs allégations ne sont que des innovations soutient le maître coranique établi dans la commune urbaine de Labé.
« Dire qu’on ne doit pas croiser une veuve, n’est qu’une fabulation. En ce qui concerne le fait de voir ses cheveux cela ne concerne pas que les veuves, un homme ne doit pas voir les cheveux d’une femme qu’elle soit veuve ou pas. Maintenant, faire une grande cérémonie préparer comme si c’est un mariage, c’est de l’innovation qui n’a aucun fondement dans l’islam. L’islam n’a pas exigé cela s’ils le font, ils vont créer des difficultés aux gens », dément Thierno Sarifou Dalein, qui invite par ailleurs les fidèles musulmans d’arrêter d’inventer des histoires et de les coller à la religion musulmane.
Mamadou Aliou Diallo, pour foutakameen.com
Tél : 622 20 09 70
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