La Direction Générale des Élections (DGE) est le nouvel organe récemment créé par décret présidentiel pour organiser les élections (présidentielles, législatives et référendaires) dans le pays. Cette nouvelle Direction est, selon le décret pris par le général Mamadi Doumbouya, directement rattachée au ministère de l’Administration du Territoire et de la Décentralisation (MATD).
Alors que beaucoup s’attendaient à la réhabilitation de la Commission Électorale Nationale Indépendante (CENI), dissoute par la junte au pouvoir le 5 septembre 2021, la mise en place de la DGE n’étonne guère les responsables du Mouvement Démocratique Libéral (MoDeL), dirigé par l’opposant Aliou Bah – actuellement détenu à la maison centrale de Conakry – pour, dit-on, « offense au chef de l’État ».
« Ce n’est pas surprenant, d’autant plus que les actuels dirigeants de notre pays nous ont révélé leurs intentions dès les premières heures de leur arrivée au pouvoir. Dans les années antérieures, c’était le ministère de l’Administration du Territoire qui organisait les élections, à l’époque du président Lansana Conté. Il a donc été estimé que le MATD n’était pas bien placé pour organiser les élections, tout simplement parce qu’on ne peut pas être juge et partie. La lutte a été menée par Siradiou Diallo, Bah Mamadou, Alpha Condé et tant d’autres, ce qui a abouti à la mise en place de la CENI. Mais à ce niveau également, il a été constaté que le pouvoir avait la mainmise sur elle, puisque c’est lui qui nomme ses responsables, ce qui lui permet de truquer les élections », déclare Aliou Dalein Baldé, Secrétaire national chargé de l’Implantation et des Adhésions au sein du MoDeL.
Dès la prise du pouvoir par le Comité National du Rassemblement pour le Développement (CNRD), le MoDeL avait soumis des propositions pour un retour rapide et apaisé à l’ordre constitutionnel, indique ce membre du Bureau Politique National du parti.
« Dès lors que le CNRD a évoqué la question du retour à l’ordre constitutionnel, le MoDeL lui a soumis des propositions. Nous avions organisé une conférence de presse, et c’est moi-même qui avais présenté le document. Nous leur avons dit que, s’ils veulent organiser des élections permettant un retour rapide à l’ordre constitutionnel, il fallait mettre en place un organe indépendant de gestion des élections, sur lequel le gouvernement n’aurait aucune influence. Mais leur seule préoccupation, c’était de savoir comment se maintenir au pouvoir », affirme-t-il.
Il confie qu’au sein du MoDeL, les responsables ne partagent pas la création de cette nouvelle Direction. Aliou Dalein laisse entendre, d’ailleurs, qu’il ne croit plus aux démarches du gouvernement pour des raisons qu’il énumère ci-dessous :
« Mory Condé, qui était ministre de l’Administration du Territoire, nous a publiquement dit que leur candidat, c’est le général Mamadi Doumbouya, malgré leur promesse initiale selon laquelle aucun membre du gouvernement ou du CNRD ne prendrait part aux élections. Ils ont sillonné la Guinée en dilapidant l’économie du pays pour faire campagne pour le général, alors que ce sont eux-mêmes qui organisent les élections. Comment voulez-vous qu’ils organisent les élections et qu’ils les perdent ? Donc, en tant que leaders politiques, nous ne souscrivons pas à la création de cette Direction Générale des Élections. Ils sont en train de provoquer la population », estime M. Baldé.
Pour Aliou Dalein Baldé, que ce soit la CENI, la DGE ou quel que soit le nom que portera l’organe, l’essentiel est que des élections transparentes soient organisées et que le vainqueur soit réellement celui qui a gagné, a-t-il conclu.
Mamadou Aliou Diallo pour foutakameen.com
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