Face à une situation économique tendue, en Guinée, Ibrahima Fodoué Baldé livre son analyse sur la rareté croissante des liquidités dans le circuit financier. Selon lui, ce manque de liquidité, provoqué par un enchaînement de facteurs structurels et conjoncturels, freine les activités économiques et accentue les difficultés des entreprises comme les particuliers. Il revient en détail sur les origines de cette crise monétaire et en fait une analyse des conséquences à court et moyen terme.
Dans son intervention, l’économiste a tout d’abord défini le déficit de liquidité :
« La crise de liquidité est le fait que les gens partent à la banque pour récupérer l’argent et que vous n’arrivez pas à récupérer le montant que vous souhaitez », définit-il.
Selon Ibrahima Fodoué Baldé, les causes de cette crise sont énormes :
« La première des choses est le fait que les autorités ont engagé des travaux supplémentaires qui dépassent ce qui était établi dans le budget. Il y aura ce qu’on appelle des dépenses extra-budgétaires et ils vont se tourner vers la banque centrale pour récupérer de l’argent pour dépenser, et les autres banques ne seront pas en mesure d’avoir de l’argent. La deuxième des choses, c’est le refinancement : si la banque centrale n’est pas en mesure de fournir de l’argent aux banques privées parce qu’il y a des financements imprévus, ça peut causer le déficit de liquidité. La pression sur le franc guinéen si la devise étrangère peut aussi être la cause. Si les gens n’envoient pas de l’argent dans les banques et qu’ils préfèrent garder l’argent chez eux, ça peut aussi créer le problème que nous traversons », a-t-il expliqué.
Ce professeur d’économie à l’université de Labé énumère les conséquences d’un déficit :
« Les conséquences sont énormes. Les banques privées ne pourront donner des crédits aux sociétés et à d’autres personnes. Les gens peuvent demander de l’argent sans en obtenir. Ça diminue la confiance entre les clients et les banques, les gens vont garder l’argent à la maison et ça aussi a d’énormes conséquences. Les gens n’auront plus confiance aux banques. La banque centrale va produire de l’argent jusqu’à dépasser le montant estimé par le Fonds monétaire international, ça risque aussi de créer d’autres crises », a précisé Ibrahima Fodoué Baldé avant de proposer des pistes de solutions.
« La banque centrale doit enlever le plafonnement des crédits pour les banques privées. Ils doivent voter un budget et réaliser exactement le budget voté sans augmenter des dépenses imprévues. La banque centrale doit être capable de fournir de l’argent aux banques privées quand ces banques en ont besoin. Les gens ne doivent pas aussi garder l’argent à la maison, ils doivent envoyer l’argent à la banque pour faciliter la transition », a conseillé l’économiste.
Boubacar Diallo, pour foutakameen.com
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