De moto-taxi à gros porteur : Hadja Aissatou Bah brise les barrières

De moto-taxi à gros porteur : Hadja Aissatou Bah brise les barrières

Elle a subi tous les préjugés , défié les stéréotypes et repoussé les limites imposées aux femmes dans le monde du transport. De conductrice de moto-taxi à chauffeur de camion-benne, Hadja Aissatou Bah s’est frayé un chemin dans un secteur dominé par les hommes. Animée par sa détermination et son amour pour la conduite, elle réussit à déjouer tous les pronostics malgré les critiques. Son ambition et sa bravoure prouvent qu’il n’y a pas de métier réservé exclusivement qu’aux hommes.

C’est en mars 2021 que cette femme s’est lancée dans la conduite de moto-taxi dans la cité de Karamoko Alpha Mo Labé – première femme à avoir eu le courage d’exercer ce métier dans cette ville de la Moyenne Guinée. Après cet exploit, cette femme courageuse ne s’est pas arrêtée là : aujourd’hui, elle est chauffeur de camion. A l’occasion de la célébration de la journée internationale des droits des femmes, foutakameen.com vous fait le portrait d’une référence qui force l’admiration et inspire toute une génération de femmes.

Rencontrée par notre rédaction, Hadja Aissatou Bah nous raconte son parcours dans des métiers que beaucoup considèrent comme chasse gardée des hommes. Elle explique ce qui l’a poussée à embrasser cette profession.

« Moi, le travail des hommes me plaît beaucoup. J’ai remarqué qu’il n’y avait aucune femme dans le secteur du taxi-moto. Je n’ai pas pu poursuivre mes études très longtemps et, en me mariant, je me suis retrouvée sans emploi. Alors, j’ai décidé de me lancer dans ce métier, car je savais conduire une moto et je ne voulais pas rester à la maison à dépendre des autres», entame-t-elle.

Malgré qu’elle n’avait pas sa propre moto au début, elle a été embauchée pour exercer ce métier qu’elle admire tant.

« Au début, je n’avais pas ma propre moto, je travaillais pour quelqu’un d’autre. C’est ainsi que j’ai économisé jusqu’à pouvoir acheter la mienne, avec l’aide de certaines personnes. C’est cela que je considère comme une réussite dans ce métier », laisse entendre Hadja Aissatou.

Ses premiers pas dans ce secteur n’ont pas été faciles, notamment à cause du regard et des préjugés des autres.

« Au début, les gens parlaient beaucoup derrière mon dos, disant qu’ils n’avaient jamais vu une femme faire du taxi-moto. Mais ces paroles ne m’ont pas découragée. J’ai suivi mon objectif. Parce qu’à côté de ceux qui se moquaient de moi, il y avait aussi des gens qui me félicitaient et m’encourageaient. C’est ainsi que j’ai persévéré », indique notre interlocutrice.

Hadja Aissatou lorsqu’elle faisait la conduite de moto-taxi

Cependant, ses revenus étant insuffisants pour épargner, elle a décidé de se lancer dans la conduite de camions. Un autre travail plus exigeant et très défiant.

« Ce qui m’a poussée à conduire des camions, c’est que le revenu du taxi-moto était trop faible. Il ne me permettait pas d’épargner pour l’avenir. J’ai donc décidé d’apprendre à conduire un camion. Un proche qui en possédait un a accepté de m’enseigner. Je l’accompagnais dans ses voyages jusqu’à ce que je sois capable de conduire seule. Cela fait maintenant un an que j’exerce ce métier».

Bien que la conduite de camions demande une grande force physique, Hadja Aissatou Bah affirme que cela ne l’impacte pas beaucoup.

« Depuis que j’ai su conduire, je n’ai rencontré aucun problème. Quand il s’agit de charger du sable ou des cailloux, je suis avec des hommes, et ce sont eux qui s’occupent de cette partie du travail. Moi, je me concentre sur la conduite», renchérit-elle.

À la question de savoir si son mari la soutient, elle répond sans détour.

« Mon mari m’encourage et me soutient dans mon travail. Il m’a dit que si ce métier me plaît et que je peux le faire, il n’a aucun problème avec cela. Quand j’ai un voyage à faire, je me lève très tôt pour accomplir mes tâches ménagères, comme préparer à manger ou faire la lessive, avant de partir travailler. »

Lorsqu’on lui a posé la question de savoir pourquoi elle a choisi ce métier alors qu’il existe d’autres options, elle a répondu sans ambages.

« Il n’existe pas de métier réservé aux hommes ou aux femmes. Chacun doit choisir un travail qui lui plaît et s’y lancer, au lieu de dire que tel ou tel métier est masculin. Beaucoup de femmes restent à la maison, sans rien faire, dépendantes des autres. Moi, je leur dis de choisir un métier qu’elles aiment et de travailler », les conseille-t-elle.

Enfin, Hadja Aissatou Bah lance un appel à l’aide pour pouvoir un jour disposer son propre camion.

« Aujourd’hui, je travaille, mais pour quelqu’un d’autre. J’aimerais conduire mon propre camion dans l’avenir. J’espère trouver du soutien pour réaliser ce rêve», a lancé Aissatou Bah.

A l’en croire elle a hérité cette profession de ses parents puisque même sa mère a été conductrice de gros porteurs. Il en est de même pour ses frères. Rappelons que cette Journée internationale des droits des femmes est célébrée sous le thème « Toutes les femmes et filles : droit, égalité et autonomisation. » Hadja Aissatou compte atteindre ses objectifs dans le domaine du transport malgré son statut d’épouse et mère. Mais, ses moyens étant limités, elle a besoin de soutien pour voir le bout du tunnel dans son domaine de prédilection.

Abdourahmane Baldé pour foutakameen.com

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