09 juillet 2024 – 09 juillet 2025, cela fait exactement un an jour pour jour depuis la disparition des activistes de la société civile guinéenne, Oumar Sylla alias Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah. Toujours sans nouvelles d’eux, cette situation continue d’interpeller les citoyens guinéens, les acteurs de la société civile ainsi que la communauté internationale. Pour se souvenir de cette journée symbolique marquant un recul de la liberté d’expression en Guinée, nous avons interrogé quelques citoyens et acteurs de la société civile.
Tous dénoncent la persistance des enlèvements ciblant les voix dissidentes dans le pays. Oumar Sadio Diallo, activiste basé à Labé, fustige la disparition de ses camarades :
« C’est à cause de leur combat pour la défense des droits et libertés de la population qu’on les a privés de leur liberté. Cela nous a profondément touchés. Leur engagement n’était rien d’autre qu’un combat pour l’instauration de la démocratie dans notre pays. En tant qu’activistes, nous dénonçons fermement cet enlèvement illégal et injuste», fustige cet activiste.
Concernant le silence de la justice, il poursuit en rappelant la nécessité de rendre public le résultat des « enquêtes enclenchées » dans ce sens :
« Nous avons entendu le procureur annoncer l’ouverture d’une enquête sur le kidnapping de Foniké et Billo. Mais aucun résultat concret n’a été communiqué, alors même qu’il y avait des témoins lors de l’enlèvement. La justice doit agir concrètement au lieu de se limiter à des annonces.»
Sur la multiplication des enlèvements en Guinée, Mamadou Aliou Baldé, un citoyen rencontré, exprime son inquiétude :
« Aujourd’hui, les kidnappings sont devenus très fréquents. C’est une situation alarmante. Toute personne qui critique la gestion du pays devient une cible. J’appelle les autorités à cesser ces pratiques et à respecter la liberté de chaque citoyen», lance-t-il.
Il dénonce également l’apathie de la population face à ce qu’il qualifie de dérive :
« Avant, nombreux étaient ceux qui répondaient à leurs appels à manifester. Aujourd’hui, plus personne ne parle de leur disparition. C’est un silence complice, et c’est vraiment pitoyable», dénonce ce citoyen.
Oumar Sadio Diallo, quant à lui, lance un appel aux autorités religieuses :
« Nous savons qu’elles transmettent des messages. Mais nous leur demandons de s’impliquer davantage, en explorant d’autres voies pour exiger la libération de nos camarades. Chaque fois qu’un dirigeant arrive, elles vont le saluer ; qu’elles jouent aussi leur rôle de messagères pour faire entendre notre cri de détresse», demande Oumar Sadio Diallo.
Il faut noter que Foniké Menguè et Billo Bah ne sont pas les seuls à avoir été victimes d’enlèvements. Le journaliste Habib Marouane Camara est lui aussi porté disparu depuis plusieurs mois. Plus récemment encore, l’avocat Me Mohamed Traoré a été brièvement kidnappé, avant d’être relâché quelques heures plus tard.
Abdourahmane Baldé pour foutakameen.com
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