Lors d’une rencontre technique tenue récemment entre les cadres du ministère de l’Enseignement pré-universitaire et de l’Alphabétisation, une éventuelle suppression de l’examen d’entrée en 7ᵉ année (CEE) a été proposée. D’ailleurs, une commission a été constituée pour analyser la faisabilité de cette éventualité. À Labé, la rédaction de foutakameen.com s’est entretenue ce jeudi 17 juillet 2025 avec un professeur de français qui a livré son analyse sur cette proposition.
Mamadou Lamarana Baldé n’est pas favorable à la suppression de cet examen. Il voit plutôt une décision contre-productive.
« C’est une décision très sensible. Nous connaissons la conduite de certains enseignants, la légèreté qui caractérise parfois leurs méthodes d’enseignement. Certains ne prennent leur travail au sérieux que lorsque les examens approchent. C’est à ce moment-là qu’ils commencent à suivre les élèves. Si on supprime cet examen, les conséquences seront énormes. On perdra un indicateur clé pour l’évaluation régulière des enfants », estime-t-il.
Il poursuit en évoquant les compositions de fin d’année qui, selon lui, sont insuffisantes.
« Certes, il y a des compositions de fin d’année, mais elles manquent souvent de rigueur. Si l’élève ne passe que deux examens avant d’arriver à l’université, il ne détiendra que ces deux diplômes », explique-t-il.
Au cas où cet examen serait supprimé, alors ce professeur de Français fait une proposition relative au budget alloué à l’organisation de cet examen.
« S’il faut vraiment supprimer cet examen, alors il faudra réorienter les fonds qui y sont alloués vers l’amélioration du parcours académique des élèves. Allez visiter les écoles : il y a de la surcharge. Dans certaines classes, on trouve plus de 100 élèves. Dans ces conditions, un seul enseignant ne peut pas organiser des évaluations sérieuses ni fournir des notes fiables. Cela devient très difficile. On risque d’avoir des enfants sans réel niveau, et les résultats en 10ᵉ année pourraient être catastrophiques. Si on supprime cet examen, alors qu’on utilise cet argent pour construire de nouveaux établissements et former des enseignants, car les besoins sont énormes. Si vous avez 30 élèves par classe, vous pouvez dispenser les cours dans de meilleures conditions et assurer un bon suivi des élèves », ajoute-t-il.
Mamadou Lamarana Baldé déconseille fortement cette suppression qui portera un coup à la formation des enfants.
« Je suis contre la suppression de l’examen d’entrée en 7ᵉ année. Regardez les établissements publics : il y a beaucoup à faire. Les enseignants du primaire n’auront plus aucune pression sans cet examen. Si l’État veut vraiment le faire, il doit d’abord investir massivement dans l’éducation. Si nous avons des élèves de qualité, des enseignants bien formés, et une prise de conscience des parents, alors peut-être que cela pourra se faire », conclut Mamadou Lamarana Baldé, professeur de français au lycée Hoggo M’bouro de Labé.
Boubacar Diallo pour foutakameen.com
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