À Labé, le football féminin peine à s’imposer et tend même à disparaître. Le manque d’intérêt des jeunes filles, combiné à l’absence d’équipements adéquats et au désengagement des parents, freine considérablement son développement.
Malgré ces obstacles, un homme continue de porter le flambeau. L’entraîneur George Lamey, engagé depuis plus de quinze ans dans la promotion du sport scolaire, refuse de baisser les bras.
« J’ai commencé à encadrer le football féminin à Labé depuis 2009. Il y a eu de réels progrès, puisque certaines joueuses de l’équipe A ont pu intégrer la sélection nationale guinéenne. Aujourd’hui, j’ai formé une nouvelle équipe appelée Espoir, mise en place en août 2024. Si ce n’était pas mon dévouement, les filles n’auraient même pas pu participer au tournoi scolaire. Sans cet effort, le football féminin à Labé aurait totalement disparu », explique-t-il.
Le désintérêt des filles et la réticence des parents
L’un des plus grands défis auxquels George Lamey est confronté reste l’attitude des parents et le manque d’implication des footballeuses elles-mêmes.
« Les difficultés que je rencontre sont liées au refus de certains parents. Ce n’est pas forcément qu’ils s’opposent au sport, mais souvent, après l’entraînement, les filles traînent dehors au lieu de rentrer directement. Cela inquiète les familles, qui préfèrent interdire leur participation. Pourtant, je tiens un registre de présence comme à l’école, et je rends compte aux parents qui m’accordent leur confiance. Beaucoup m’appellent régulièrement pour s’assurer que leurs enfants sont bien encadrés », confie l’entraîneur.
Le défi du financement
Le football féminin à Labé souffre aussi d’un manque criant de soutien matériel et financier. L’entraîneur, malgré ses moyens limités, investit personnellement pour maintenir la flamme.
« Les équipements des filles, ce sont mes propres moyens qui les financent. Parfois, je demande une petite contribution aux parents, mais la plupart du temps, je complète et je décore moi-même les tenues. Heureusement, un ancien joueur basé en France m’a récemment envoyé un lot de 25 maillots et deux ballons, que j’ai remis aux filles pour les encourager. Avec leur accord, nous avons participé à deux compétitions à Pita, où les filles ont remporté des victoires. Comme il n’y a pas d’autres équipes féminines à Labé, je les fais parfois jouer avec les garçons pour renforcer leur niveau », raconte-t-il.
La motivation des joueuses
Sur le terrain, malgré les difficultés, des jeunes filles affichent déjà leur passion et leurs ambitions. Maimouna Sall est l’une d’elles.
« J’ai choisi le football parce que j’ai vu mon oncle jouer, et ça m’a plu. Je suis venue voir coach George, qui m’a aidée à intégrer l’équipe. »
Sa coéquipière, Kadiatou Bangoura, exprime ses rêves avec conviction :
« J’ai commencé à aimer le football quand j’étais petite, en regardant une grande sœur footballeuse. Elle m’a aidée à rencontrer coach George et j’ai intégré l’équipe. Mon idole, c’est Jude Bellingham. Je veux devenir comme lui et jouer un jour de grandes compétitions », déclare-t-elle.
Avec la motivation des jeunes joueuses le coach George soutient que si les moyens sont mis à leur disposition, elles seront compétitives dans les compétitions nationales. C’est pourquoi il lance un appel pressant à l’endroit des autorités :
« Je demande aux autorités de venir constater nos efforts. Cela fait 17 ans que je me bats pour ce sport. Aujourd’hui, les parents commencent seulement à s’adapter, parce qu’ils voient les résultats positifs », lance notre interlocuteur.
Laouratou Diallo pour foutakameen.com
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