Autrefois réputée pour avoir des clubs talentueux dans les différentes ligues nationales, la région de Labé semble aujourd’hui en perte de vitesse sur le plan footballistique. La préfecture de Labé voire la région manque cruellement de clubs engagés dans les compétitions nationales, une situation qui indigne de nombreux acteurs du football local. Pour mieux comprendre les causes de ce recul, nous sommes allés à la rencontre de quelques figures locales du milieu sportif.
Mamadou Samoura, secrétaire administratif du district de football de Labé, revient sur la situation actuelle du football au niveau local.
« Je perçois cette situation sous plusieurs angles. Le football est un sport accessible à tous. Il suffit d’un ballon et d’un terrain pour jouer. Contrairement à d’autres disciplines qui nécessitent des équipements plus spécifiques ou des formations, le football ne demande pas grand-chose. Pourtant, à Labé, il souffre d’un cruel manque d’attention, surtout de la part de ceux qui ont les moyens financiers. Les personnes fortunées n’acceptent pas d’investir dans le football local. À l’opposé, dans d’autres préfectures ou régions, les natifs qui en ont les moyens soutiennent activement leurs clubs. À Boké par exemple, le général Mathurin Bangoura et KPC injectent de l’argent pour faire vivre le football. Ce type d’engagement nous fait défaut ici à Labé», regrette Mamadou Samoura.

Mamadou Samoura, Secrétaire Administratif du District Préfectoral du Football de Labé
Du côté des entraîneurs des académies sportives de Labé, le constat est tout aussi amer.
« Si on me demande quel est le niveau du football local, je dirais qu’il est très bas », affirme Diawo Baldé, entraîneur local qui déplore la relégation des clubs en deuxième division.
« Nous n’avons aucune équipe évoluant dans les grands championnats nationaux. Le Fello Star, qui était en première division, a été relégué en deuxième division. Et tout récemment, Kolima AC, qui visait la montée en Ligue 1 depuis la région de Conakry, n’a pas réussi », se désole-t-il.

Diao Baldé, Entraîneur de l’Académie Junior Succès
Même son de cloche chez Mamadou Dian Diallo, alias Nesta, autre entraîneur très actif dans la ville de Labé.
« Il y a quelques années, le football de Labé brillait. Nous avions deux clubs en première division : le Fello Star et l’Espoir de Labé. Aujourd’hui, c’est un véritable déclin. Espoir de Labé est descendu jusqu’en quatrième division, sans que rien ne soit fait. Quant au Fello, même s’il est actuellement en Ligue 2, il ne joue même plus à Labé. Résultat : Labé ne compte aujourd’hui aucun club dans l’élite nationale. C’est une situation alarmante », se plaint cet autre coach local.

Mamadou Dian Baldé alias Nesta, Entraîneur de l’Académie Nesta
Pour donc pouvoir inverser la tendance, coach Diawo appelle à l’unité d’action :
« Ceux d’entre nous qui évoluent dans le football local doivent apprendre à s’entendre. Sans cela, il sera difficile de faire avancer le football. Lorsqu’un entraîneur prend la tête d’un club, les autres doivent collaborer pour faire progresser cette équipe. C’est à travers cette cohésion que nous pourrons véritablement faire évoluer le football de notre ville», estime-t-il.
Pour aider les jeunes joueurs à progresser et à évaluer leurs compétences, le district de football de Labé organise régulièrement des tournois, comme l’explique son secrétaire administratif :
« Nous mettons en place des compétitions pour permettre aux joueurs issus des différentes académies de mesurer leur niveau. Sans ces compétitions, ils n’ont pas de repères pour progresser. Je peux vous assurer que nous avons des jeunes très talentueux à Labé. Nous n’avons rien à envier aux autres villes. Ce qui nous manque, c’est l’accompagnement financier. Cela freine notre développement. J’ai même saisi la coordination Haali Poular pour un appui, mais sans réponse jusque-là », fait savoir notre interlocuteur.
Pour espérer donc, une relance du football à Labé, les acteurs locaux lancent un appel pressant aux ressortissants de la ville afin qu’ils s’investissent dans ce sport populaire et en soutiennent activement les structures locales. Car sans appui financier ni engagement collectif, le football local risque de sombrer davantage.
Abdourahmane Baldé pour foutakameen.com
COMMENTS