Le constat révèle que de nombreuses jeunes filles mariées et mères rencontrent des difficultés pour concilier la garde de leur bébé et la poursuite de leurs études. Certaines finissent même par abandonner l’école à cause de ces contraintes.
Fatimatou Baldé, une jeune femme, a dû arrêter ses études faute d’avoir qui confier son enfant
« Lorsque je me suis mariée et que je suis tombée enceinte, j’ai commencé à rencontrer des problèmes. Je ne vivais ni avec mes parents ni avec ceux de mon mari. J’ai fait tout mon possible pour terminer l’année, mais après mon accouchement, comme je n’avais personne pour s’occuper de mon enfant, j’ai décidé d’abandonner l’école. Aujourd’hui, j’ai trois enfants. Ma difficulté, c’était de ne pas avoir une personne pour m’aider, sinon je n’aurais pas abandonné. J’aimerais reprendre mes études, car je ne veux pas gâcher les années d’efforts que j’avais déjà fournies », explique-t-elle.
De son côté, Fatoumata Diaraye Diallo, élève en terminale Sciences sociales, a trouvé une solution pour gérer la garde de son bébé.
« J’amène mon enfant à la crèche chaque jour avant de venir suivre mes cours. Nos parents vivent à Conakry, et à cause du travail de mon mari, nous nous sommes retrouvés ici, à Labé. Cela me cause des retards, mais c’est ma seule difficulté », confie-t-elle.
Quant à Koumba Tenin Diallo, elle ne rencontre aucun problème, car elle bénéficie du soutien de ses parents.
« Je vis avec ma mère et ma belle-mère, qui s’occupent de mon enfant. Je n’ai donc aucune difficulté. Si vous avez le courage d’étudier, même en étant mariée, vous pouvez continuer. Il suffit d’être courageuse », dit-elle.
Interrogé sur la situation, Lancey Camara, proviseur du lycée Hoggo M’Bouro, explique comment il gère les cas des jeunes filles mariées.
« Dans chaque classe, on peut retrouver trois ou quatre filles mariées ayant des enfants. Concernant leur prise en charge, comme l’administration scolaire interdit formellement la présence d’enfants à l’école, nous cherchons d’abord à savoir combien de filles mariées ont des enfants. Après cette identification, nous mettons en place des stratégies pour les maintenir à l’école. Par exemple, une fille mariée peut arriver en retard à cause de ses occupations familiales. Pour elles, nous faisons preuve de tolérance et elles sont exemptées de certaines sanctions. Cependant, le plus grand problème survient lors des évaluations. Certaines s’absentent à cause de leur enfant, alors que les évaluations concernent toute la classe. D’autres ne réussissent pas à rattraper les cours manqués, ce qui peut entraîner leur échec », conclut-il.
Fatimatou Baldé regrette d’avoir abandonné l’école et encourage les autres jeunes filles mariées à poursuivre leurs études malgré les difficultés.
Aissatou Maleya Diallo pour foutakameen.com
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