A Labé, le métier de graphiste est exercé par de nombreuses personnes, mais il peine à susciter l’intérêt des habitants. Comment ces artistes développent-ils leur art ? Quelles sont les difficultés qu’ils rencontrent au quotidien ? Nous avons rencontré quelques graphistes qui déplorent le manque de considération de la population pour leur travail.
Ibrahima Sory Tounkara, graphiste professionnel, raconte son parcours et comment il a découvert ce métier qui le passionne.
« Ce travail est un don de Dieu. Certes, j’ai appris quelques techniques auprès de quelqu’un, mais depuis tout petit, je dessinais déjà sans même aller à l’école. Je réalisais des dessins sur les murs, jusqu’au jour où mes frères ont remarqué mon talent et m’ont acheté un cahier et des crayons de couleur pour que je puisse dessiner. C’est ainsi qu’une fois inscrit à l’école, j’excellais en dessin. En classe de dixième, j’ai intégré un atelier pour apprendre la peinture. C’est comme ça que j’ai commencé ce métier », explique-t-il.
Cependant, il déplore l’indifférence de la population vis-à-vis de ce métier et la rareté de la clientèle locale.
« Ici, à Labé, les gens ne s’intéressent pas trop à notre travail. Ce sont surtout les étrangers qui visitent la ville qui achètent nos œuvres. Mais depuis que leur fréquentation a diminué, notre clientèle a chuté. Nos articles peuvent rester exposés pendant des mois sans trouver preneur », se plaint-il.
Mamadou Saliou Bah, un autre graphiste souligne les difficultés liées à l’accès aux outils de travail.
« Le matériel n’est pas facile à obtenir ici. Si tu es habitué au métier, tu essaies de trouver des alternatives, mais c’est une grande difficulté à laquelle nous faisons face », regrette-t-il.
Interrogé sur l’existence d’un collectif regroupant les graphistes de la ville, Mamadou Saliou Bah admet qu’aucune structure formelle n’a encore vu le jour à Labé.
« Nous avons tenté de créer une association, mais cela n’a pas abouti », précise-t-il.
Il lance néanmoins un appel à ses collègues afin de fédérer leurs efforts en vue de booster leur activité.
« Ce serait une bonne initiative pour promouvoir notre art. Même si nous étions seulement cinq dans un collectif, nous pourrions faire beaucoup pour surmonter nos difficultés quotidiennes. J’invite mes collègues à se réunir pour mettre en place cette organisation, car ce serait dans notre intérêt à tous », exhorte-t-il.
Ces graphistes appellent la population à s’intéresser davantage à leur travail et demandent aux autorités de les soutenir afin de mieux faire connaître leur art et de leur permettre d’en vivre dignement.
Abdourahmane Baldé pour foutakameen.com
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