Lors de sa récente visite à Koundara, une équipe de Foutakameen ne s’est pas limitée à explorer l’agriculture ou les conditions de vie des conducteurs de moto-taxis. Elle s’est également intéressée à une activité économique essentielle : le métier de cambiste. Ce secteur, à la fois complexe et vital, constitue une source de revenus pour de nombreuses familles de la région. Voici le témoignage de deux acteurs du domaine.
Les défis quotidiens selon Mamadou Saliou N’Gadjiko
Mamadou Saliou N’Gadjiko, adjoint du président des cambistes de Koundara, évoque les nombreuses difficultés auxquelles il est confronté au quotidien :
« Nous sommes non seulement des cultivateurs et des éleveurs, mais nous exerçons également le métier de cambiste. Moi, je suis l’adjoint du président des cambistes. Ce métier comporte de nombreux défis. Nous avons certes une association, mais les choses ne sont pas aussi simples qu’elles paraissent. Le problème principal auquel nous faisons face est celui des faux billets, qu’il s’agisse de CFA ou de dollars. Heureusement, grâce à l’expérience, nous sommes devenus experts et savons distinguer les vrais billets des faux. Quand il s’agit d’une arnaque, nous nous entraidons pour que la victime puisse récupérer son dû. Nous échangeons pratiquement toutes les monnaies utilisées dans notre région. Nous sommes dans ce domaine depuis des années. Mon conseil à la nouvelle génération est d’être prudente et de comprendre que ce métier est complexe et rempli de défis », explique Mamadou Saliou N’Gadjiko.
Un métier d’opportunités pour les jeunes venus d’ailleurs
Amadou Labbo Magassouba, un autre cambiste, partage son expérience. Originaire de Thiaguel Bôri, il s’est installé à Koundara pour améliorer sa situation de vie :
« Je suis venu de Thiaguel Bôri à Koundara à la recherche d’une vie meilleure. J’ai d’abord travaillé comme conducteur de moto-taxi avant de me lancer dans le métier de cambiste. Comme dans tout autre métier, nous rencontrons des difficultés. Parfois, nous nous trompons dans les montants échangés, mais nous trouvons toujours une solution pour corriger les erreurs. Le problème majeur auquel nous sommes confrontés est celui des faux billets, et ce n’est pas facile à gérer. Nous organisons régulièrement des réunions pour sensibiliser et alerter ceux qui exercent ce métier. Lorsqu’un faux billet est détecté, nous le transmettons à nos supérieurs qui, à leur tour, le remettent au commissariat central. Il arrive également que nous fassions des erreurs en rendant une somme incomplète à un client, mais nous veillons toujours à ce qu’il récupère le reste de son argent. Nos clients viennent principalement du Sénégal et de la Guinée-Bissau », témoigne Amadou Labbo Magassouba.
Un secteur fragile mais vital
Malgré les défis, tels que les faux billets, les erreurs de calcul ou encore les risques d’arnaque, le métier de cambiste reste une source essentielle de revenus pour de nombreuses familles à Koundara. Ce secteur offre aussi des opportunités pour les jeunes venus d’autres localités en quête d’une meilleure qualité de vie.
Bien que fragile, cette activité témoigne de la résilience et de l’ingéniosité des habitants de Koundara, déterminés à surmonter les obstacles pour assurer leur subsistance.
Mamoudou Talibé Baldé pour foutakameen.com
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