Une foule émue s’est réunie ce mardi 14 mai à Kindia pour accompagner à sa dernière demeure Moussa Koffoe, humoriste qui a réussi à gagner l’affection du public guinéen, décédé lundi des suites d’une maladie. Lors de la cérémonie funèbre, qui s’est déroulée à Kindia, la ville d’origine du défunt, le ministre de la Culture, de l’Hôtellerie et de l’Artisanat a dans son discours de circonstance prononcé rendu un vibrant hommage à celui qu’il qualifie de « bibliothèque vivante de notre humour ».
Dans son allocution, le ministre a salué la mémoire d’un artiste qui, bien que modeste dans sa condition matérielle, a vécu avec une rare dignité.
« Moussa Koffoe, d’autres l’ont appelé avant moi, n’était pas un simple humoriste. Il était un éclaireur, un miroir de notre société, un porteur d’espoir et de rire dans les instants les plus difficiles. À travers ses mots, ses gestes, son regard vif, il savait transformer nos douleurs en sourires, nos travers en leçons, notre quotidien en théâtre vivant. »
Poursuivant son éloge, le ministre a souligné la portée sociale et éducative de son art :
« Son art, bien au-delà du divertissement, était un acte de foi en notre humanité commune. Il faisait rire, mais surtout, il faisait réfléchir. Il interpellait, dénonçait, réveillait les consciences. Il était un véritable éducateur populaire. Moussa Koffoe, même casaque en main, était une bibliothèque vivante de notre humour, de nos traditions, de notre imaginaire collectif. Avec sa disparition, c’est une flamme précieuse de notre patrimoine immatériel qui s’éteint», estime le ministre.
Moussa Moïse Sylla a rappelé l’engagement du chef de l’État en faveur du monde culturel :
« Le Président de la République porte dans son cœur la famille culturelle de la Guinée. Conscient des défis que rencontrent nos artistes, il a engagé des réformes ambitieuses pour leur assurer la reconnaissance et la dignité qu’ils méritent. L’une des plus fortes expressions de cet engagement, c’est la mise en place de la carte médicale dédiée aux artistes professionnels de la culture. Moussa Koffoe en était bénéficiaire. Ce dispositif, pionnier en son genre, permet un accès gratuit aux soins dans les hôpitaux, pharmacies et laboratoires répartis dans les 8 régions administratives de notre pays», fait-il savoir.
Il ajoute que cette carte émane selon lui, de la largesse du gouvernement de la transition.
« Cette carte constitue une main tendue de l’État, une barrière contre l’humiliation de la maladie, un outil de dignité pour celles et ceux qui consacrent leur vie à sublimer la nôtre. Je rappelle que cette carte n’est ni un badge ni une pièce d’identité : c’est un bouclier sanitaire à activer en cas de besoin. Les directeurs préfectoraux de la culture, les inspecteurs régionaux sont là pour vous accompagner, chers hommes de culture, pour vous assister sur les modalités d’utilisation de cette carte. Nous allons porter cette année le nombre de bénéficiaires de cette carte médicale de 1 100 personnes à 2 000 artistes », annonce le chef du département de la culture.
Revenant sur le parcours du défunt, le ministre conclut que « Moussa Koffoe a certes vécu modestement, mais il a vécu surtout dignement. Ce que vous faites pour notre pays n’a pas de prix. Moussa Koffoe a tout donné et nous a tous donné le sourire. J’ai entendu les discours dans lesquels l’État est interpellé à ne pas oublier la famille de Moussa Koffoe. Je réitère le même appel à l’ensemble d’entre nous. Cela ne revient pas à l’État uniquement. N’oublions pas sa femme et ses enfants aussi. Pour sa famille, l’État fera son devoir. Que l’âme du défunt repose en paix, que dans la lumière et la miséricorde d’Allah, son héritage continue de vivre, de nourrir, d’inspirer les générations futures », prie le ministre.
Très ému, le ministre a également évoqué le décès, la veille, du musicien Papice Fofana :
« Il s’en va au lendemain du départ également de notre musicien Papice Fofana qui nous a quittés, qui a été enterré également hier. Et j’étais aux obsèques de Papice Fofana. Alors que l’imam finissait les prières, il recevait un coup de fil nous informant que Moussa Koffoe nous a quittés. C’est la volonté d’Allah, nul ne peut échapper à son destin. Je prie Dieu que la terre qu’il a tant servie lui soit légère, et qu’il repose dans le paradis éternel. Paix à l’âme de l’ensemble de tous les illustres disparus dans le monde de la culture. ».
Dans la conclusion de son discours, le ministre Moussa Moïse Sylla a avoué que beaucoup d’artistes ou humoristes «n’ont pas eu l’occasion d’avoir ce genre d’hommage, mais nous allons nous employer pour que tous ceux qui ont mouillé le drapeau dans le monde de la culture – quand il le faut et quand il le faudra – de leur vivant ou après leur décès, puissent bénéficier de la reconnaissance de l’État et de la Nation », s’est-il engagé.
Boubacar Diallo et Abdoul Karim Baldé , envoyés spéciaux à Kindia pour foutakameen.com
COMMENTS