La bijouterie traditionnelle, un métier ancestral à la merci de la modernité

La bijouterie traditionnelle, un métier ancestral à la merci de la modernité

La bijouterie traditionnelle, parmi les métiers qui ont presque disparu au Foutah, à l’image de la forge traditionnelle et tant d’autres métiers ancestraux qui étaient très valorisés. À l’époque les femmes et même les hommes s’approvisionnaient en bijoux chez les bijoutiers traditionnels. De nos jours, ce n’est plus le cas. Les femmes ont maintenant migré vers les bijoux importés pour se parer surtout quand il s’agit de se marier.

Quelle est la différence entre le bijoutier et le forgeron, deux personnes appartenant à deux métiers différents, tous dans les oubliettes ? Mamadou Mouctar Kanté, bijoutier traditionnel explique la différence.

« Le forgeron a le marteau et l’enclume, le bijoutier a lui aussi le marteau et l’enclume mais les fers sont différents. Le bijoutier utilise l’or et l’argent pour fabriquer les boucles d’oreilles, les bracelets, les chaînes, les bagues… », tandis que le forgeron lui, est beaucoup plus dans la fabrication des instruments à usage domestique et dans d’autres domaines.

Cependant, ce métier tend à sa disparition. Pour cause, peu des femmes gardent encore contact avec les bijoutiers traditionnels. Mamadou Mouctar Kanté qui pratique ce métier depuis 40 ans, explique l’impact de la modernité sur leur métier.

« Avant il était très facile d’avoir l’argent et l’or mais maintenant il est difficile d’en acquérir. Il est très rare maintenant de voir les femmes venir faire la commande des boucles d’oreilles ou des chaînes. Elles sont tournées vers la modernité, ce qu’on importe de la Chine. Quand certaines se financent, elles viennent commander la bague du mariage. Depuis qu’on a commencé d’importer les produits chinois, notre métier s’est éteint », se plaint ce bijoutier.

Les bijoux qu’ils fabriquent se détériorent facilement si certaines conditions ne sont pas respectées indique notre interlocuteur.

« Quand l’argent entre en contact avec l’eau de javel, il noircit et même l’acide. Certaines laissent leurs bijoux entrer en contact avec ces produits et elles reviennent nous condamner. Il y en a certains parmi nous qui fabrique de telle sorte quand les bijoux entre en contact avec les produits que j’ai énumérés, voilà pourquoi elles nous condamnent aussi », fait-il savoir.

Ce bijoutier lance un appel à l’endroit de ses concitoyens (hommes et femmes) afin de renouer avec le traditionnel tout en leur offrant de garantie.

« Nous leur demandons de revenir vers nous. Si on fabrique les bijoux pour elles, elles peuvent revenir après pour qu’on fabrique une autre qualité si la première change. Même si elles veulent revendre, elles peuvent nous les revendre elles récupèrent leur argent. Les produits ont importés se détériorent plus vite et quand ça se détériore on ne peut pas réparer, la solution c’est de jeter », a lancé Mamadou Mouctar Kanté.

Mamadou Aliou Diallo, pour foutakameen.com

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