Située dans la préfecture de Mali, région de Labé, la Dame du Mali est une montagne emblématique dont la particularité intrigue : un flanc rocheux formant le visage d’une femme. Ce site, devenu l’un des symboles touristiques de la région, attire chaque année de nombreux visiteurs malgré l’état rudimentaire de ses infrastructures.
Mais quelle est l’histoire de ce mont surnommé la Dame du Mali ? En quelle année a-t-il été révélé au monde ? Et quel est son impact sur le tourisme local ? Pour en savoir plus, nous avons rencontré Elhadj Ousmane Dieng, ancien directeur préfectoral de la bibliothèque de Mali, passionné d’histoire locale.
« Cette montagne s’appelle Mont Loura. Elle se trouve à environ 7 kilomètres du centre-ville, dans le district de Tinsira. Ce visage, formé naturellement dans la roche, existait depuis des temps immémoriaux, mais ce n’est qu’en 1937, lors d’un recensement, qu’il fut découvert par un administrateur français et le chef de canton, Alpha Mamadou Cellou Dieng », explique le doyen.
Ce jour-là, sous une forte chaleur, l’équipe de recensement fit une pause à l’ombre d’un manguier. En observant la montagne, le chef de canton remarqua la ressemblance étonnante avec une figure humaine. Une vieille femme du village aurait même affirmé : « Ce nez-là n’est pas celui d’une Africaine, on dirait la femme du commandant blanc. »
Une légende aux racines profondes
Outre la découverte historique, une légende locale entoure ce visage pétrifié. Elle raconte l’histoire d’une femme d’une grande beauté qui aurait trahi son mari, un marabout respecté. Après avoir cédé à la tentation d’un autre homme, elle aurait quitté son foyer en pleine nuit. Son mari, découvrant la trahison un vendredi matin sacré, invoqua Dieu dans une prière de justice. Selon la légende, cette prière aurait été exaucée : la femme infidèle fut transformée en pierre, et son visage demeure à jamais visible sur la montagne.
« Ce récit, qu’on transmet de génération en génération, fait partie de notre mémoire collective. Même s’il relève du mythe, il participe à la magie du lieu », confie Elhadj Ousmane Dieng.
Un potentiel touristique sous-exploité
Malgré l’affluence croissante, le site reste difficile d’accès. Aucune infrastructure digne de ce nom n’est encore installée. Elhadj Ousmane Dieng déplore cette situation :
« À chaque visite de personnalités ou d’ONG, nous sollicitons un appui pour l’aménagement du site. Monsieur Bea Diallo, alors à Bruxelles, avait même promis de nous aider à construire un campement touristique digne de ce nom. »
Des missions étrangères, comme celle venue du Sénégal, ont été frappées par la beauté du lieu. L’un de leurs membres aurait même déclaré que si la Dame du Mali se trouvait au Sénégal, elle ferait du pays une puissance touristique majeure. « Là-bas, 35 % du budget national provient du tourisme », rappelle le doyen.
Une richesse régionale négligée
La Dame du Mali n’est qu’une des nombreuses richesses naturelles de la préfecture. Pourtant, l’ensemble des sites reste dans un état de délabrement avancé faute d’entretien et d’investissements. Ce manque d’intérêt des autorités compromet le développement touristique de la région et prive la Guinée d’un vecteur majeur de valorisation culturelle et économique.
Il est urgent que les autorités locales et nationales prennent conscience du potentiel touristique de Mali et œuvrent à son aménagement. Car valoriser ces sites, c’est aussi construire une image forte et positive de notre pays.
Abdourahmane Baldé et Abdoul Karim Baldé pour foutakameen.com
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