La Journée du 8 mars célébrée autrement cette année à Labé : des défenseuses des Droits des femmes notent des progrès

La Journée du 8 mars célébrée autrement cette année à Labé : des défenseuses des Droits des femmes notent des progrès

Le 8 mars de chaque année marque la célébration de la Journée Internationale des Droits des Femmes. Les femmes actives de Labé n’ont pas été en marge de cette célébration qui leur est dédiée. Rencontrées par notre rédaction, ces militantes pour la défense des droits des femmes reviennent sur la manière dont cette journée a été célébrée dans la commune urbaine de Labé et sur les défis qu’elles surmontent chaque jour pour défendre la cause de leurs congénères.

Tiguidanké Diallo, présidente de l’ONG Appui à la Résolution des Conflits Conjugaux à Labé, revient sur la célébration de la Journée du 8 mars de cette année.

« Cette journée a été célébrée dans la commune urbaine de Labé avec ferveur. Avant le jour J, nous avons fait des prières et une lecture du Coran le 7 mars pour l’émergence des femmes. Et le 8 mars, nous nous sommes rencontrées au niveau du gouvernorat pour organiser un panel où des femmes modèles ont expliqué aux autres femmes comment elles ont pu surmonter toutes les difficultés qu’elles ont rencontrées jusqu’à ce jour. Le 9 mars, nous sommes allées dans une église pour prodiguer des prières pour les femmes », indique-t-elle.

Quant à une autre activité de défense des droits des femmes, au nom de Fatoumata Diaraye Diallo, présidente de la Cellule Féminine pour la Protection de l’Enfance et la Jeune Fille, elles ont opté pour une autre méthode pour célébrer cette journée du 8 mars.

« Pour la célébration de cette journée, nous avons organisé un dialogue avec un religieux et les autres femmes pour parler des droits des femmes, parce que nous constatons que certains pensent que lutter pour les droits des femmes, c’est pousser les femmes à désobéir à leurs familles ou à leurs maris, alors que ce n’est pas cela. C’est pourquoi nous avons invité ce religieux pour qu’il nous explique ce que l’islam dit sur les droits des femmes, et ce fut un débat très enrichissant pour les participants », explique-t-elle.

À la question de savoir ce qu’est la défense des droits des femmes, elle répond :

« Défendre les droits des femmes, ce n’est pas les monter contre leurs maris ou leurs familles, non. Mais plutôt les défendre pour qu’elles puissent faire le travail qu’elles veulent. Les défendre pour qu’elles puissent aller à l’école, comme elles ont aussi le droit d’étudier, que ce soient les petites filles ou les femmes. Et les laisser finir leurs études sans pression pour se marier. C’est ça, la défense des droits des femmes : pour que leurs voix comptent dans les prises de décision. C’est aussi se battre pour que les femmes osent dénoncer les exactions qu’elles subissent au quotidien. »

Cette journée est célébrée chaque année, mais ont-elles l’impression d’être entendues ?

« On peut dire qu’il y a eu beaucoup de progrès grâce à l’accompagnement de l’État et des ONG internationales. Et la lutte menée par les femmes a contribué à améliorer les déficits qui existaient dans les années passées. Mais il y a encore un long chemin à parcourir. Nous ne nous arrêtons pas ici, nous continuerons à nous battre pour défendre les femmes », indique Tiguidanké Diallo, avant de s’adresser aux femmes qui pensent que cette journée est uniquement pour les femmes intellectuelles:

« Il y a des femmes qui pensent que cette journée est consacrée uniquement aux femmes intellectuelles. Mais non, la Journée Internationale des Droits des Femmes est pour toutes les femmes : intellectuelles, commerçantes, ouvrières, et même celles qui ne travaillent pas. C’est une journée au cours de laquelle chacune de ces femmes a l’occasion d’exprimer ce qu’elle ressent au fond d’elle, ce qui l’angoisse ou ce qui lui fait mal. Mais je peux vous dire que ces femmes commencent à comprendre l’importance réelle de cette journée. »

Les défis restent cependant énormes, indique cette militante.

« Les défis réels que nous rencontrons concernent d’abord la compréhension des droits des femmes, ce qu’elles doivent faire ou ne pas faire. Car c’est la première chose. On ne peut pas mener une lutte pour quelqu’un si cette personne ne connaît pas les fondements de ce que l’on fait. Malgré l’appui du gouvernement et des ONG internationales, il reste un manque à gagner, car certaines femmes vivent dans des localités où même la radio ne fonctionne pas. Alors, comment leur faire comprendre leurs droits et devoirs ? Cela reste un défi pour nous. Et comment convaincre les hommes de nous accompagner dans cette lutte, car vous n’êtes pas sans savoir que les hommes ont une grande part de responsabilité pour que cette lutte aboutisse. Un autre défi est de faire en sorte que les femmes puissent émerger en leur confiant des postes de responsabilité pour qu’elles montrent de quoi elles sont capables. »

Selon cette militante, elles ont une préoccupation majeure concernant la défense des femmes victimes de viol.

« Cette préoccupation concerne l’hôpital régional de Labé, car il n’y a qu’un seul médecin légiste, et c’est un homme. Cela pose quelques soucis. Ce n’est pas que nous disons qu’il fait des choses mauvaises, mais si une fille est violée par un homme et que c’est un autre homme qui va effectuer l’examen pour déterminer si c’est vrai ou faux, c’est un peu difficile. C’est pourquoi nous demandons s’il serait possible d’envoyer une autre personne qui puisse travailler aux côtés de ce médecin, afin de consulter les femmes victimes de viol. Cela serait une bonne chose », estime-t-elle en appelant toutes les femmes à se donner la main pour mener une lutte commune.

Abdourahmane Baldé pour foutakameen.com

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