À Labé, comme dans de nombreuses régions de la Guinée, le lotissement des terrains joue un rôle fondamental dans la gestion de la croissance démographique et surtout de l’urbanisation rapide. Pourtant, le travail du service de l’urbanisme et de l’habitat, qui est essentiel pour une gestion équilibrée des terres, est souvent relégué au second plan. Cette négligence ouvre la voie à des pratiques informelles, qui bouleversent l’ordre urbain et génèrent des conflits fonciers très complexes.
L’aménagement des terrains, à travers le lotissement, constitue un levier crucial pour répondre à la pression démographique croissante. Cependant, le constat démontre que de nombreux propriétaires terriens ignorent les règles qui encadrent l’utilisation de leurs domaines.
« Même si vous êtes propriétaire d’un terrain, aucune loi ne vous autorise à l’exploiter comme bon vous semble. Que ce terrain soit acquis par achat ou par héritage, s’il n’est ni aménagé ni loti, vous devez faire recours aux services compétents pour vous orienter. Ces derniers vous indiqueront les démarches à suivre. Malheureusement, peu de personnes sollicitent ces services à Labé. Elles agissent seules, ce qui est contraire à la loi et expose à des sanctions. Avoir les moyens financiers ne donne pas le droit de tout faire à sa guise. Il existe un cadre légal à respecter », souligne Kalil Bah, inspecteur régional adjoint de l’habitat à Labé.
Le lotissement, qui consiste à organiser l’occupation des sols en divisant les terrains en lots adaptés à la construction, repose sur des normes strictes. Ces règles imposent l’intervention des autorités compétentes pour garantir un aménagement conforme.
À Labé, comme dans plusieurs ville du pays d’ailleurs, les transactions foncières se font majoritairement de manière informelle, sans implication des services de l’urbanisme et de l’habitat. Cette pratique génère des litiges récurrents, souvent amplifiés lorsque les parties initiales se disparaissent, laissant leurs descendants en désaccord.
« Avant de revendiquer la propriété d’un terrain, il faut disposer des documents nécessaires. Même pour un patrimoine, la justice délivre un certificat attestant de la propriété. Ce document constitue la première étape d’un dossier foncier. Si je te vends un terrain sans prouver qu’il m’appartient, cela devient une problématique. En pratique, nous constatons que les transactions se font sur la base d’accords informels, au mépris des procédures légales », fustige Kalil Bah.
L’inspecteur adjoint rappelle que la procédure normale exige un titre foncier avant toute vente. Ce titre garantit la légitimité du vendeur et facilite les mutations au niveau de la conservation foncière.
« Lorsque le titre foncier est en règle, les démarches suivantes deviennent plus simples et transparentes. Nous encourageons donc fortement les citoyens à régulariser leurs domaines », conseille-t-il.
Le lotissement représente une opportunité incontournable pour moderniser et structurer les espaces urbains à Labé. Toutefois, les pratiques informelles et la méconnaissance des lois freinent son développement harmonieux. Une gestion foncière rigoureuse, appuyée par une collaboration entre citoyens et autorités, est indispensable pour éviter les conflits et favoriser une urbanisation durable. En respectant les normes légales et en sensibilisant les populations, Labé peut relever les défis de l’urbanisation et bâtir un cadre de vie équilibré et pérenne, estime Kalil Bah l’inspecteur régional adjoint de l’urbanisme et de l’habitat.
Mamoudou Talibe Baldé, pour foutakameen.com
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