Labé : la teinture artisanale, un héritage en péril face aux défis modernes

Labé : la teinture artisanale, un héritage en péril face aux défis modernes

La teinture artisanale, profondément ancrée dans les traditions locales de Labé, est un métier principalement exercé par les femmes. Ces dernières, confrontées à de nombreux défis, perpétuent ce savoir-faire ancestral malgré les difficultés économiques et sociales.

Rencontrées par notre équipe, plusieurs femmes ont partagé leurs expériences, leur quotidien et les obstacles liés à leur activité.

« Je fais la teinture pour nourrir mes enfants et subvenir à nos besoins. C’est mon métier. Pour réaliser la teinture, je commence par presser le tissu. J’utilise des damiers ou deux pagnes. Nous mélangeons des produits comme l’acide chlorhydrique avec d’autres ingrédients dans de l’eau, puis nous plongeons les tissus avant de les presser. Le processus dure deux jours », explique Gnoumou Fofana.

Fatoumata Thiam ajoute que la contrefaçon des tissus impacte négativement sur leur métier.

« Ce métier fait partie de nos traditions. Avant, il était très avantageux, mais maintenant, avec l’arrivée des tissus piratés, c’est plus difficile. Nous achetons le tissu au marché central, le donnons à d’autres pour l’attacher, et si nous ne pouvons pas teindre nous-mêmes, nous faisons appel à des collègues comme Saran. Ensuite, nous vendons au marché. Ce n’est pas une activité associative, c’est un travail individuel », indique cette teinturière.

Les teinturières affirment faire face à plusieurs obstacles, notamment économiques et climatiques.

« Nous rencontrons des difficultés, surtout pour vendre. Les commerçants trouvent nos pagnes chers et préfèrent les tissus piratés. Pendant la saison sèche, nous manquons souvent d’eau, notamment en avril. En saison des pluies, il devient difficile de faire sécher les tissus après les avoir pressés », déplore Fatoumata Thiam.

Gnoumou Fofana souligne également le manque de soutien financier.

 « Sans argent, ce métier n’est pas facile. Je dois parfois compter sur d’autres pour financer mon travail. Ce métier ne rapporte pas beaucoup, juste assez pour nourrir nos enfants. Je n’ai jamais reçu de financement. Nous avons vraiment besoin d’aide pour améliorer nos conditions», se lamente-t-elle.

Ces femmes, qui luttent pour préserver leur métier, lancent un appel à l’aide.

« Si le gouvernement ou des personnes de bonne volonté nous viennent en aide, nous pourrions travailler plus facilement et avancer plus vite », déclare Aminata Cissocko.

Fatoumata Thiam insiste sur la contrefaçon : « Nous demandons au gouvernement d’arrêter l’importation des tissus piratés, car cela nuit à nos métiers. J’encourage aussi les autres femmes à persévérer et à gagner leur vie dignement», sollicite-t-elle.

La teinture, bien qu’en péril, demeure une valeur traditionnelle importante à Labé, souvent pratiquée par les femmes

Aissatou Maleya Diallo pour foutakameen.com

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