Labé : tout savoir sur la création et le fonctionnement de la Fédération des artisans et sur l’artisanat local

Labé : tout savoir sur la création et le fonctionnement de la Fédération des artisans et sur l’artisanat local

Dans la région de Labé, cœur historique et culturel du Fouta Djallon, les métiers artisanaux font partie intégrante du tissu économique local. Menuisiers, teinturiers, cordonniers, mécaniciens, tisserands et bien d’autres professionnels y exercent avec passion, parfois dans des conditions précaires. Pour faire face à leurs multiples défis, les artisans de la préfecture se sont organisés au sein d’une structure fédératrice. Un reporter de foutakameen.com est allé à la rencontre de Kalidou Dieng, président de la Fédération préfectorale des artisans de Labé, pour en savoir davantage sur cette initiative.

Une fédération née de la volonté de s’organiser.

« La Fédération préfectorale des artisans de Labé a été créée en 1993. À ses débuts, elle ne portait pas encore ce nom officiel. C’est avec le temps, les formations et les évolutions légales que nous sommes devenus une structure reconnue, conformément aux dispositions guinéennes », explique Kalidou Dieng.

Il précise qu’en plus de la fédération préfectorale, des structures similaires existent au niveau régional et national, créant ainsi un réseau hiérarchisé et solidaire d’artisans à travers tout le pays.

« C’est en 1995 que la fédération a été installée de manière formelle à Labé. Depuis, nous travaillons à organiser les différents corps de métier afin de défendre nos intérêts communs et améliorer nos conditions de travail. »

La fédération regroupe un large éventail de métiers : soudeurs, menuisiers, mécaniciens, plombiers, couturiers, teinturiers, cordonniers, électriciens, maçons, entre autres. Malgré cette diversité, tous les artisans partagent des problématiques similaires : difficulté d’accès au financement, manque d’équipements modernes, absence de partenaires techniques et méconnaissance des opportunités de formation.

« Nous avons besoin d’un réel accompagnement. L’État nous aide, certes, mais cela reste insuffisant. Nous manquons de ressources financières, de locaux pour exposer et vendre nos produits, et surtout de reconnaissance. Beaucoup d’artisans ne mesurent pas encore l’importance de s’unir autour d’une structure comme la fédération », déplore Kalidou Dieng.

Selon le président, un mécanisme de cotisation interne pourrait pallier en partie l’insuffisance de subventions publiques, à condition que tous les artisans s’impliquent activement.

« Si chaque artisan contribuait 360 000 francs guinéens par an, nous pourrions constituer un fonds de solidarité conséquent. Cela permettrait d’acheter du matériel, de financer des formations ou même de participer à des salons à l’international. »

Il cite également les difficultés liées à l’importation de matières premières, notamment pour la fabrication de chaussures, qui reste un secteur porteur mais sous-exploité à Labé.

Kalidou Dieng met en avant la richesse et l’identité culturelle des métiers artisanaux, incarnée notamment par le tissu traditionnel « leppi », symbole du patrimoine foutanien.

« Regardez autour de vous : partout où il y a du leppi, on sait qu’il vient de Guinée, tissé par nos artisans. C’est un savoir-faire que nous devons préserver et valoriser», préconise-t-il.

Face à ces enjeux, le président de la fédération lance un appel pressant à tous les artisans de Labé et des préfectures voisines :

« J’invite tous les artisans de la région à s’unir dans un esprit de solidarité et d’engagement. La fédération peut leur offrir des formations, des opportunités de développement et une meilleure représentation auprès des autorités et des partenaires. Si nous sommes unis, nous serons plus forts. »

Kalidou Dieng conclut en rappelant que les métiers de l’artisanat sont une fierté du Fouta, une richesse souvent méconnue, mais essentielle pour le développement économique et culturel de la région.

Aissatou Maleya DIALLO, pour foutakameen.com

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