Bernard Goumou, un retour calculé et un pari risqué au 1er jour de la campagne référendaire?
L’annonce d’un point de presse par Bernard Goumou sur sa page Facebook, au premier jour de la campagne référendaire, ne peut être lue comme une initiative anodine. En politique, elle traduit un geste éminemment pensé et calibré, où chaque élément(contexte, lieu et narratif), relève d’un choix stratégique.
En se projetant dans l’arène publique dès ce 31 août 2025, date d’ouverture officielle des campagnes, l’ancien Premier ministre Guinéen impose sa présence au cœur d’un agenda dominé par l’échéance constitutionnelle. Dr Goumou veut capter par effet de contraste, une visibilité, dans un contexte politique déjà verrouillé.
En effet, il s’agit ici d’une manœuvre de repositionnement et d’un retour après une longue parenthèse de silence. Bernard Goumou se replace dans le champ politique avec un équilibre subtil. Le connaissant il n’agira pas en adversaire frontal contre le pouvoir, mais en figure d’expérience et témoin de la transition actuelle. Comme d’autres acteurs de la vie nationale, le patron de Lanala assurances, ne veut pas rester simple spectateur. Il veut montrer aux guinéens qu’il incarne aussi une voix d’équilibre dans un jeu à sens unique.
La symbolique de ses choix renforce ce message. La Maison de la Presse, lieu du pluralisme médiatique, confère une légitimité institutionnelle, une crédibilité à son intervention de ce soir, puisqu’il n’est plus aux affaires, tandis que l’annonce diffusée via les réseaux sociaux vise à amplifier cette sortie. Ce double registre institutionnel et numérique révèle une stratégie adaptée aux réalités d’un espace public verrouillé, mais encore perméable aux mobilisations digitales.
Sur le fond, l’efficacité de cette sortie dépendra de la force de sa rhétorique. L’ethos de l’ancien Premier ministre lui assure une autorité naturelle, le pathos d’un discours centré sur la stabilité et l’unité nationale peut rallier probablement l’opinion, mais c’est au niveau du logos qu’il y aura la précision des arguments. La clarté de sa position et la solidité des références décideront de l’impact réel de cette sortie publique. Sans ce socle rationnel, l’acte risquerait de se réduire à un simple effet d’annonce.
Si M. Goumou vient simplement se ranger derrière les arguments déjà déclinés par le gouvernement ou annoncer la création de son mouvement de soutien du CNRD, sa sortie ne fera point de bruit. Le contraire pourra faire écho, mais cette stratégie surprendra plus d’un. De toutes les façons, la suite se jouera dans la réception dès ce soir.
Et trois(3) scénarios se dessinent. Un effet d’amplification, si le discours s’avère solide, il ouvrira la voie à une réintégration active dans la recomposition gouvernementale après le référendum; une neutralisation, si le message reste trop général et se dilue dans le flux de la campagne ; ou un boomerang, si l’intervention est perçue comme une attaque frontale contre la transition et cela pourrait susciter une riposte défensive des autorités.
Dans tous les cas, cette initiative révèle la volonté d’un ancien chef de gouvernement de se réinscrire dans l’histoire immédiate de la transition, non pas en perturbateur, mais en acteur qui veut tester son audience même s’il n’a pas de base politique et jauger sa capacité d’influence. Plus qu’une simple déclaration, il s’agit d’un pari politique risqué. Transformer une visibilité en véritable capital stratégique, dans une période où chaque mot contribue à redessiner les équilibres du pouvoir, même si le jeu ressemble à un match où il y’a une équipe caustode sans véritable adversaire.
Nous y reviendrons!
N’Faly Guilavogui, Journaliste Éditorialiste politique, Analyste politique, DIC- Mastérant en Communication Politique et publique.
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