Le charbon de bois, un luxe en pleine saison pluvieuse à Labé ? ménages et vendeurs à bout de souffle

Le charbon de bois, un luxe en pleine saison pluvieuse à Labé ? ménages et vendeurs à bout de souffle

À Labé, en cette période de grandes pluies, le charbon de bois devient de plus en plus cher et difficile d’accès pour les ménages. Dans la ville de Karamoko Alpha Mo Labé, vendeurs comme acheteurs expriment leurs inquiétudes face à la hausse du prix du sac charbon indispensable pour la cuisson des repas.

Abdourahmane Diallo, vendeur de charbon de bois à Paraya, explique que la flambée des prix est liée à plusieurs facteurs.

« Quand nous partons en brousse pour chercher le charbon, nous rencontrons beaucoup de difficultés, surtout à cause de l’état des routes. En plus, l’État a interdit actuellement la coupe du bois. Le transport coûte très cher : avant, un sac revenait à 6 000 FG, aujourd’hui c’est au moins 10 000 FG, sans compter les frais de route et les barrages des gardes forestiers », détaille-t-il.

Selon lui, le sac de charbon est actuellement proposé à 45 000 FG, mais ce prix ne fait pas l’unanimité :

« Les clients se plaignent beaucoup. Parfois, nous sommes obligés de réduire notre bénéfice pour qu’ils puissent acheter », confie-t-il.

Un autre vendeur, Thierno Abdoul Karim Diallo, confirme cette tendance.

« Nous achetons le sac auprès de ceux qui vont en brousse à 40 000 FG, et nous le revendons à 45 000 FG. Mais il faut ajouter les frais de chargement et de déchargement, le carburant, le passage aux barrages et les places où nous descendons le charbon. À la fin, notre marge est très faible », explique-t-il.

Les femmes, grandes consommatrices de charbon pour la cuisson, subissent de plein fouet cette hausse. Safiatou Sacko, vendeuse de riz, raconte ses difficultés :

« Nous achetons le sac à 45 000 FG. Deux sacs, c’est déjà 90 000 FG. Et un sac ne dure même pas deux jours. Cela complique énormément nos activités. »

Même constat chez Mariama Diallo, également vendeuse de riz :

« Le charbon est trop cher et de mauvaise qualité parfois. Si on achète à 45 000 FG et qu’on tombe sur un sac rempli de poudre ou de petits morceaux, ce n’est pas rentable. Avec un bon sac, on peut tenir trois jours, sinon deux seulement. »

Face à cette situation, les acteurs de la filière lancent un appel pressant aux autorités :

« Nous souhaitons que les autorités nous aident sur plusieurs plans, notamment l’amélioration des routes et la réduction des frais aux barrages. Ainsi, le prix du charbon pourrait baisser et les clients seraient satisfaits», lance Abdourahmane Diallo.

Son collègue Thierno Abdoul Karim Diallo insiste sur le même point :

« Nous demandons que l’État nous accompagne pour stabiliser le prix et faciliter l’accès au charbon. »

Du côté des consommatrices, la demande est claire. Safiatou Sacko appelle les autorités à agir rapidement :

« Qu’elles obligent les vendeurs à revenir au prix normal, parce qu’elles seules peuvent réguler le marché. »

Quant à Mariama Diallo, elle plaide pour des alternatives au charbon de bois :

« Nous demandons une baisse du prix, et s’il y a une autre solution comme la promotion des fagots ou d’autres sources d’énergie, cela nous aiderait beaucoup. »

La flambée du prix du charbon en pleine saison pluvieuse met en lumière les difficultés d’approvisionnement et les contraintes économiques qui pèsent sur les ménages. Entre interdiction de coupe, coûts de transport élevés et manque d’alternatives énergétiques accessibles, les habitants de Labé se retrouvent face à un véritable casse-tête quotidien.

Amadou Bella Diallo pour Foutakameen.com

COMMENTS