Malanta-Gaoual: c’est dans cette école de fortune à une seule salle, que des élèves de 5 groupes pédagogiques étudient

Malanta-Gaoual: c’est dans cette école de fortune à une seule salle, que des élèves de 5 groupes pédagogiques étudient

L’école primaire de Darou, située dans le district de Dognidabi, sous-préfecture de Malanta (préfecture de Gaoual), manque de tout. Elle se compose d’un seul bâtiment de fortune, construit à l’image d’un hangar, destiné à accueillir les enfants de cette localité. Cette « école », bâtie en 2021 par les habitants, abrite aujourd’hui cinq groupes pédagogiques réunis dans une seule salle, tous encadrés par un unique enseignant, en situation de handicap, payé par la population locale.

Cette école fonctionne dans des conditions extrêmement précaires. Son seul enseignant, Mamadou Samba Diallo, qui est aussi le directeur, lance un cri du cœur pour solliciter l’aide des bonnes volontés afin de faire fonctionner l’établissement.

Mamadou Samba Diallo revient sur la création de cette école atypique qui s’apparente à un abri d’animaux.

« C’est nous-mêmes qui avons initié cette école. Nous avons commencé par une seule classe, et aujourd’hui, cela fait cinq ans que les cours y sont dispensés. C’est pourquoi nous avons cinq groupes pédagogiques dans une même salle, de la 1ère à la 5e année. Nous comptons intégrer la 6e année dès l’année prochaine. C’est le manque de soutien qui nous a poussés à regrouper tous ces enfants dans une même salle, mais aussi la volonté de les aider. Sinon, nous faisons face à énormément de difficultés », confie-t-il.

L’enseignant déplore les conditions dans lesquelles il travaille.

« Il y a deux grandes difficultés : d’abord, la compréhension est très faible car les cinq classes sont regroupées dans la même pièce. Ensuite, moi-même, en tant qu’enseignant, je souffre. Je suis obligé de diviser le tableau en cinq parties, une pour chaque classe. Quand j’enseigne un groupe, les autres arrêtent ce que je leur ai demandé de faire pour écouter ce que je dis à un autre groupe. Il y a un manque total de concentration. Et cela crée de sérieux problèmes. C’est uniquement par souci de l’avenir de ces enfants que je reste ici. Sinon, dans des conditions normales, chaque classe devrait avoir un enseignant et une salle dédiée », déplore l’enseignant.

En plus du manque d’infrastructures, l’école ne dispose presque d’aucun matériel pédagogique.

« Nous n’avons pas de documents pour enseigner. Je ne possède qu’un seul livre par matière, et aucun élève n’a de manuel, toutes classes confondues. C’est un gros problème pour la compréhension. Je dois tout écrire au tableau. Cela fait très longtemps que nous n’avons pas reçu de fournitures de la DPE de Gaoual», déplore-t-il.

L’enseignant souligne que toute la charge du fonctionnement de l’école repose sur les parents d’élèves.

« Ce sont les parents qui prennent en charge le fonctionnement de l’école. C’est eux qui me paient et qui ont financé la construction du bâtiment. Lors du dernier recrutement à la fonction publique, j’ai voulu postuler, mais j’ai été frappé d’une crise de tension qui m’a empêché de faire le concours», déclare notre interlocuteur.

Pour finir, Mamadou Samba Diallo lance un appel pressant :

« La population de Darou a beaucoup fait pour maintenir cette école en vie. Tous les livres que j’utilise pour enseigner, c’est la population qui les a fournis. Elle mérite aujourd’hui d’être soutenue. C’est pourquoi je lance un appel à toutes les bonnes volontés : aidez-nous à faire fonctionner cette école », lance l’enseignant soucieux de la réussite de ses élèves.

De nombreuses localités en Guinée profonde vivent les mêmes réalités, confrontées à un manque criant d’infrastructures scolaires, ce qui impacte gravement la qualité de l’éducation dans ces zones reculées.

De retour de Gaoual, Abdourahmane Baldé et Boubacar Diallo foutakameen.com

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