Photographie traditionnelle et smartphones: quel avenir pour les photographes traditionnels guinéens ? 

Photographie traditionnelle et smartphones: quel avenir pour les photographes traditionnels guinéens ? 

Le 19 août de chaque année, est célébrée dans le monde la journée internationale de la photographie. C’est le 7 janvier 1839 que la journée mondiale de la photographie a été instituée. Cette journée est une occasion pour célébrer cet art qui se modernise chaque année. À Labé, cette journée est passée inaperçue cette année. 
 
À l’occasion de cette journée, la rédaction de foutakameen.com a interrogé quelques photographes traditionnels basés à Labé. Ce photographe que nous avons interrogé à son lieu de travail revient sur cette journée qui tend à disparaître. 
 
«Comme vous le dites, aujourd’hui c’est la journée internationale de la photographie.
Malheureusement, chez nous en Guinée ici, cette journée n’existe que de nom, aucune célébration. Le travail se déroule dans de bonnes conditions c’est vrai mais, contrairement aux années précédentes, où les photographes étaient les seuls à pouvoir utiliser leurs matériels, tel n’est plus le cas aujourd’hui. Avant si tu avais besoin de photos, il fallait forcément passer par les photographes mais maintenant, tout le monde a accès à la photographie.
L’avancée de la technologie a occasionné la prise de photos par n’importe qui.
Dans les autres pays par exemple, malgré cette avancée technologique, les photographes gardent encore en place leur métier. Il y a non seulement les journaux mais aussi d’autres activités qui leur permettent d’exercer leur métier. Chez nous ici, comme nous le constatons cette journée passe inaperçue », indique Amadou Seydi Tall photographe dans l’un de plus vieux studios photos de Labé.  
 
Thierno Souleymane Diallo, communément appelé « Capitaine », par ailleurs vice-président des photographes de la région de Labé, explique la différence entre la journée de cette année et celle de l’année dernière. 
 
« Cette journée nous a trouvé en bonne santé, la seule différence entre cette année et celle précédente, c’est que l’an dernier, des gens venus de l’ONACIG nous ont réclamé de l’argent, une somme de six millions en nous demandant de faire des photos qu’ils enverront au ministre pour lui faire savoir que la journée a été célébrée par là. Et cette année, nous pouvons dire que c’est une journée sourde muette.
Le travail se passe dans de bonnes conditions chez nous ici », mais, les défis sont énormes poursuit ce photographe. 
 
« Les difficultés rencontrées sont énormes
Il y a les propriétaires des smartphones qui nous fatiguent avec leurs flashs et il y a aussi ceux qui nous font travailler sans pour autant nous payer. Pour preuve, j’ai encore des albums ici dont les propriétaires ont refusé de venir chercher. Certains de nos clients aussi pensent qu’en nous déplaçant, ils nous auront acheté, ils ne s’occupent pas de nous à leurs cérémonies. Nous n’avons pas d’accompagnement gouvernemental », se plaint Souleymane Diallo alias capitaine.
 
L’arrivée des smartphones a causé un véritable handicap aux photographes traditionnels indique Souleymane.
 
« Avant que le numérique n’évolue, nous prenions des photos même dans les boites de nuit. Ça a négativement impacté parce que les gens préfèrent se photographier avec leurs téléphones. La positivité dans tout ça, c’est du fait que nous ayons des appareils très sophistiqués. La majorité des photographes de nos jours ont de bons matériels. Moi je vis de ça, depuis que j’ai fini mes études en 2008, je suis dans la photographie, c’est à travers ça que je gagne ma vie. Je demande aux autorités de prendre leurs responsabilités et de savoir que c’est à eux de nous guider.
Qu’elles joignent les actes aux paroles.
Je dirais aux clients aussi de nous respecter ainsi que notre métier, qu’ils nous payent à la hauteur de ce que nous avons travaillé », a lancé le Président des photographes Labo Photo Tudor.
 
Mamoudou Talibé Baldé pour foutakameen.com 

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