Tountouroun : faute d’infrastructures, un logement d’enseignants sert de poste de santé, un seul agent assure le service (Témoignages)

Tountouroun : faute d’infrastructures, un logement d’enseignants sert de poste de santé, un seul agent assure le service (Témoignages)

Dans le district de Horé Dimma, relevant de la sous-préfecture de Tountouroun, le manque d’infrastructures sanitaires pousse les habitants à se contenter d’un ancien logement d’enseignants transformé en poste de santé. Dans ce bâtiment délabré, un seul agent tente tant bien que mal d’assurer les soins à une population confrontée à de multiples difficultés.

Lors d’une visite effectuée par notre rédaction dans ce district, qui abrite la source du fleuve Gambie, le constat est alarmant : le besoin en soins de santé est criant, tandis que les moyens font cruellement défaut.

Baillo Diallo, chef du poste de santé de Horé Dimma, tente tant bien que mal d’assurer le service à la population. Interrogé sur les conditions de travail, il explique :

« Le travail se passe un peu bien, mais comme vous le savez, cette localité est éloignée de la ville. Ce n’est pas facile. Nous travaillons en étroite collaboration avec la population, mais les difficultés sont nombreuses », entame-t-il.

Le poste de santé compte deux petits bâtiments, initialement destinés à loger des enseignants de l’école primaire du district. Ces bâtiments, reconvertis faute d’alternatives, abritent aujourd’hui une salle de soins, une salle d’accouchement, un bureau et une salle d’hospitalisation ne disposant que de deux lits inadaptés.

« Comme vous le voyez, nous faisons avec ce que nous avons. La salle d’accouchement est mal équipée, et les lits sont insuffisants. Tout cela est dû au manque de moyens », explique le soignant.

Baïllo Diallo, Chef du poste de santé de Horé-Dimma (Tountouroun-Labé)

Sur le plan du matériel médical, la situation est tout aussi préoccupante.

« En toute franchise, nous n’avons pas tous les équipements nécessaires. Les lits sont vieux, certains malades doivent être renvoyés faute de place. Le lit d’accouchement n’est pas en bon état, et nous connaissons souvent des ruptures de médicaments. Quand je prescris des médicaments, les patients doivent aller jusqu’à Labé pour les acheter », déplore Baillo Diallo.

L’absence totale de moyens de transport complique davantage la prise en charge des cas graves.

« C’est notre plus grand problème. Nous n’avons ni moto ni ambulance pour évacuer les urgences. Lorsqu’une femme en travail se retrouve dans une situation compliquée, c’est la famille qui s’organise pour la transporter, parfois en moto, ou elle attend une voiture venant de Labé. Avec l’état de la route, c’est un véritable parcours du combattant », raconte notre interlocuteur.

Malgré toutes ces difficultés, le chef du poste de santé salue la détermination des habitants.

« La population de Horé Dimma est courageuse et consciente des enjeux de santé. Ce qui manque, ce sont les moyens. Les médicaments que nous recevons viennent de la direction sanitaire, mais les envois trimestriels sont souvent insuffisants. Nous demandons l’appui des autorités et des ressortissants pour éclairer le poste de santé, car la nuit, on ne distingue même pas que c’est un centre de soins. Nous avons aussi un grand besoin d’un point d’eau », plaide Baillo Diallo.

Situé à plusieurs kilomètres du centre administratif de Tountouroun, le district de Horé Dimma reste difficile d’accès. Pour évacuer un malade, les habitants doivent emprunter des pistes dégradées, souvent en moto, au péril de leur vie. Un tableau qui illustre la dure réalité sanitaire des zones rurales de Labé, où la population se bat au quotidien pour accéder à des soins de santé de base.

Abdourahmane Baldé pour foutakameen.com

COMMENTS