Urbanisation désordonnée à Labé : quelles conséquences pour les habitations et leurs occupants ?

Urbanisation désordonnée à Labé : quelles conséquences pour les habitations et leurs occupants ?

Les constructions anarchiques, une problématique majeure en Guinée, particulièrement dans la préfecture de Labé. L’absence de planification, l’occupation désordonnée des espaces et le non-respect des règles d’aménagement du territoire favorisent la poussée de l’urbanisation de la ville mais de façon anarchique. Ce qui freine davantage le développement harmonieux de la ville.

Pour comprendre l’ampleur de ce phénomène et ses conséquences, la rédaction de foutakameen.com s’est entretenue avec Abdoulaye Kadé Diallo, Directeur préfectoral de l’Urbanisme et de l’Habitat de Labé.

Selon lui, toute construction doit suivre un processus administratif précis.

« Premièrement, si quelqu’un veut construire une maison, il doit obtenir un plan de masse. Pour cela, il doit nous présenter un acte de donation ou tout autre titre foncier. Avant d’établir ce plan, nos services vérifient si la zone concernée n’appartient pas à l’État, si ce n’est pas un espace public ou une zone naturelle protégée, et s’assurent que la parcelle appartient bien au demandeur », explique-t-il.

Abdoulaye Kadé Diallo, Directeur préfectoral de l’Urbanisme et de l’Habitat de Labé

Cependant, le non-respect de ces procédures est fréquent et entraîne de multiples problèmes.

« Construire sans respecter les règles d’urbanisme peut avoir de lourdes conséquences. On voit souvent des cas où une construction empiète d’un mètre ou deux sur la parcelle voisine, ou bien où une maison est érigée sur un terrain appartenant à l’État. Dans certains cas, les gens bâtissent sur des zones naturelles, comme près des cours d’eau. Pendant la saison sèche, cela ne pose pas de problème apparent, mais dès l’arrivée des pluies, les eaux peuvent envahir la maison et causer d’importants dégâts », précise le responsable de l’habitat.

Abdoulaye Kadé Diallo pointe également du doigt un autre facteur aggravant : la mauvaise gestion des déchets, à l’origine de nombreuses inondations.

« Les dégâts que nous observons aujourd’hui sont souvent causés par les déchets jetés dans les cours d’eau et les caniveaux. Au lieu d’utiliser les poubelles prévues ou les services de collecte, certains préfèrent se débarrasser de leurs ordures dans les canaux ou directement dans les fleuves. Résultat : l’eau de pluie ne circule plus normalement et cherche un autre passage, provoquant inondations et destructions », déplore-t-il.

Enfin, le Directeur préfectoral de l’Urbanisme et de l’Habitat lance un appel à la responsabilité collective.

« Considérons la ville comme un bien commun, appartenant à chacun de nous. Une seule personne peut mettre tout le monde en danger, par exemple en jetant ses déchets dans un cours d’eau. Nous devons adopter de bons gestes : jeter les ordures dans les lieux appropriés, entretenir régulièrement les caniveaux et planter des arbres autour des rivières pour protéger notre environnement », plaide-t-il.

Face à l’urbanisation anarchique et à ses conséquences, l’heure est à la prise de conscience et à l’action concertée. Labé ne pourra se développer harmonieusement qu’avec le respect strict des règles d’urbanisme, la préservation de ses espaces naturels et la participation active de ses habitants à la protection de leur cadre de vie.

Abdoul Karim Baldé et Mamadou Dian Diallo pour foutakameen.com

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