La tenue traditionnelle Leppi, autrefois jetée dans les oubliettes, retrouve peu à peu sa place, bien que timidement. Cette résurgence est portée par l’initiative de certains jeunes de la nouvelle génération qui valorisent cette tenue traditionnelle à travers des événements comme la fête de Tabaski, où chacun est invité à la porter pour ce qu’on appelle le Donkin Leppi. Une initiative qui réjouit les nombreuses femmes vendeuses de ces tenues, leur permettant d’observer une hausse significative de leur chiffre d’affaires durant cette période.
Pour s’enquérir de la situation de la vente de cette tenue à quelques jours de la fête de Tabaski, nous avons rencontré des vendeuses de ces pagne purement traditionnelle au marché central de Labé.
« Nous remercions les personnes qui ont eu l’idée de cette initiative. Cela nous aide à valoriser notre tenue traditionnelle. Et grâce à cela, nous arrivons à écouler les vêtements que nous avons ici. Au début, les prix étaient un peu élevés, mais maintenant ça va, nous parvenons à vendre, par la grâce de Dieu », indique l’une d’entre elles.
Selon Hadja Mamadou Oury Diallo, une autre vendeuse, le fait que cette initiative ait été prise pour faire de la fête de Tabaski une fête dédiée au Leppi a entraîné une hausse des prix à la source de production :
« C’est une initiative qui nous aide beaucoup. Mais cela a occasionné, au début, une augmentation du prix du Leppi chez les fabricants. Cela nous a causé du tort, car les clients venaient mais trouvaient les prix trop élevés, alors ils cherchaient d’autres alternatives. C’est un manque à gagner pour nous. Mais sinon, cette initiative nous permet de bien vendre », précise-t-elle.
Hadja Mariama Dalanda Diallo, quant à elle, pointe du doigt la contrefaçon. Selon elle, ces imitations empêchent la bonne commercialisation des tissus produits localement. Elle donne des explications :
« Nous avons un sérieux problème avec la vente de tissus Leppi et même d’autres tissus locaux. Des étrangers sont venus ici, ont pris des photos de nos modèles de tissus, puis sont repartis les copier pour en faire des contrefaçons qu’ils inondent sur notre marché. Cela nous empêche de vendre les tissus locaux fabriqués ici. C’est pourquoi nous demandons aux autorités de nous aider à remédier à cette situation. Sinon, nous risquons de perdre notre identité culturelle », plaide cette dame.
Poursuivant ses propos, elle ajoute que cette situation entraîne également une perte de clientèle :
« Certains clients, lorsqu’ils trouvent nos prix un peu élevés, partent chercher ces tissus venus de Chine, qui ne sont pourtant pas de bonne qualité. Alors qu’avec les prix que nous pratiquons ici, la qualité est bien présente, et les tissus sont très beaux », explique Hadja Mariama Dalanda Diallo.
Il faut noter que le Leppi de Guinée a été reconnu dans le monde comme un patrimoine culturel et une propriété intellectuelle du pays.
Abdourahmane Baldé pour foutakameen.com
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