Viol, harcèlement, mariages précoces et forcé: une ONG s’engage à mettre fin à ces fléaux et dévoile ses stratégies

Viol, harcèlement, mariages précoces et forcé: une ONG s’engage à mettre fin à ces fléaux et dévoile ses stratégies

Le viol, la violence conjugale et verbale, le harcèlement, la stigmatisation…, nombreuses sont ces jeunes filles qui en sont souvent victimes. Mais, n’est pas tout : il y a aussi le mariage précoce et forcé, surtout en milieu scolaire, conduisant ainsi à la déscolarisation de beaucoup d’entre elles. Telles sont, entre autres, les pratiques qui gangrènent la société guinéenne, particulièrement en milieu scolaire.

L’ONG WAFRICA Guinée, qui œuvre dans la protection des droits des femmes, s’engage à lutter contre ces fléaux appelés violences basées sur le genre (VBG), qui affectent gravement les jeunes filles. C’est à travers le projet « Briser les barrières de genre pour lutter contre les VBG en milieu scolaire » qu’elle entend mettre un terme à ces pratiques nuisibles. Le projet a été lancé le jeudi 13 février 2025 à la bibliothèque communale de Labé, en présence des autorités locales et des membres des ONG œuvrant à Labé.

« Ce projet vise à lutter contre le harcèlement dans les écoles puisque, comme vous le savez, il y a souvent des cas de harcèlement et de stigmatisation à l’encontre des jeunes filles. Nous avons donc pris l’initiative de sensibiliser les élèves, leurs parents et les enseignants pour que cela cesse. Nous avons prévu aussi d’acheminer des kits hygiéniques dans les écoles pour aider les filles à se protéger lorsqu’elles sont indisposées, afin que cela n’affecte pas leur formation, surtout en période d’évaluation. Lorsqu’elles ont leurs règles à l’école, elles sont souvent moquées et stigmatisées. Certaines décident alors de ne plus retourner en classe à cause des moqueries dont elles sont victimes », explique Ousmane Diallo, coordinatrice régionale de WAFRICA à Labé.

De nombreux cadres ont pris part au lancement de ce projet phare. D’ailleurs, les initiateurs bénéficient d’importants soutiens tant au niveau local que national pour assurer la réussite de leur initiative.

« Les partenaires techniques et financiers nous soutiennent en investissant leur argent dans ce projet. Le bureau national et son coordinateur nous soutiennent également. Pour nous donner plus de force, toutes les autorités au niveau préfectoral, régional et communal ont assisté au lancement du projet », souligne-t-elle.

Pour mener à bien cette mission, la coordinatrice indique que des stratégies ont été peaufinées et seront mises en œuvre tout au long de l’exécution du projet.

« Nous avons prévu d’organiser des causeries éducatives dans toutes les écoles. Nous irons également dans les quartiers et les villages pour animer des dialogues communautaires, expliquer ce que sont les VBG et comment une fille victime de viol doit réagir. Nous voulons aussi faire comprendre que WAFRICA est là pour les assister et les accompagner, même après ce projet. Nous allons mettre en place des structures de veille dans les écoles, composées des élèves elles-mêmes. Nous prévoyons aussi des discussions entre enseignants, car ce sont eux qui encadrent les élèves. Ils doivent être impliqués pour aider à lutter contre ces fléaux. Nous avons également prévu d’organiser des journées culturelles avec des théâtres et des poèmes afin de sensibiliser davantage. Enfin, des campagnes médiatiques seront menées pour faire connaître le projet et toucher un public plus large », dévoile la coordinatrice du projet.

Une participante au lancement de ce projet se dit très satisfaite. Elle estime que, s’il est correctement exécuté, son impact sera significatif.

« Après avoir suivi les explications sur les objectifs du projet, j’ai réalisé qu’il est utile et fondé. À mon avis, ce n’est pas un projet fictif avec de simples discours qui s’arrêtent là », estime Tiguidanké Diallo.

Un autre participant soutient que ce projet vient à point nommé car, selon lui, « il contribuera à changer les mentalités et les vieilles habitudes, et surtout à améliorer l’encadrement des élèves par les responsables d’écoles, favorisant ainsi une meilleure cohabitation entre filles et garçons », espère Alpha Boubacar.

Consciente des défis, Tiguidanké Diallo invite les initiateurs à persévérer.

« Il n’est pas facile d’exécuter un projet en lien avec les mariages précoces ou l’éducation sexuelle, qui sont encore des sujets tabous dans nos communautés. Des obstacles se présenteront, mais je les encourage à continuer et à ne pas abandonner. Nous comptons sur eux », exhorte-t-elle.

Pour assurer la réussite du projet, Yayé Ousmane Diallo lance un appel aux autorités, aux parents et surtout aux élèves, principales concernées par cette initiative.

« J’invite les autorités à nous aider à gérer les cas complexes qui dépassent notre niveau. Aux parents, je demande de nous faciliter la tâche en sensibilisant leurs filles à l’éducation sexuelle. Si leur fille est victime de viol, qu’elles la soutiennent pour dénoncer et porter plainte. Aux élèves, ce projet est pour elles. Je leur demande d’accepter de suivre les conseils et les causeries qui seront organisées », insiste-t-elle.

Depuis sa création, cette ONG a mené plusieurs activités. La durée d’exécution de ce nouveau projet est de dix mois. Si tout se déroule comme prévu, la coordinatrice espère que les mauvaises pratiques contre les jeunes filles, considérées comme la couche la plus vulnérable, cesseront.

Mamadou Aliou Diallo pour foutakameen.com

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