Le slam, un métier sous-estimé: à Labé, des slameurs entre désire d’éveiller et difficultés d’émerger

Le slam, un métier sous-estimé: à Labé, des slameurs entre désire d’éveiller et difficultés d’émerger

Le slam est une forme de poésie qui consiste à faire de déclamation publique en vue de promouvoir la liberté d’esprit, le partage et surtout l’éveil des consciences. Il est fait de telle sorte qu’il puisse émerveiller et émouvoir le public. Cependant, ce métier a du mal à sortir la tête de l’eau en Guinée, à cause de certaines considérations et perceptions que les gens ont à son égard. A Labé, beaucoup de jeunes qui nourissent le rêve de faire carrière dans le slam se plaignent du manque d’accompagnement pour faire valoir leur talent.

C’est le cas d’Elhadj Mamadou Dian Diallo, qui compose en poular. Le jeune basé à Labé, indique que le slam est pour lui, un rêve d’enfance et qu’il écoutait souvent le conteur Amadou Sow qu’il affirme l’«inspirer ». Cependant, malgré le talent dont il dispose et son envie de prospérer dans la pratique de ce métier qui le tient à cœur, il a du mal à faire valoir son talent. Parce que, les gens accordent moins d’importance à ceux qui font le slam dans leur langue maternelle (le poular en guise d’exemple), pourtant qui atteint une plus grande audience. À cause de ça, il ne parvient pas à participer à des compétitions régionales et nationales.

« Je n’ai participé qu’à une seule compétition organisée par Adlam et ça aussi, il fallait poster des vidéos sur les réseaux sociaux. La vidéo qui récolte le plus de vues est retenue pour aller à Conakry mais malheureusement je n’avais pas eu la chance d’être retenu. La plupart des slameurs écrivent en français et moi je le fais en poular et il se fait que beaucoup banalisent ou minimisent ceux qui composent en poular. Alors que c’est nous qui devons œuvrer pour booster et valoriser notre langue. Les organisateurs ne se focalisent que sur ceux qui écrivent en français alors que le poular s’adresse même ceux qui n’ont pas fait l’école mais le français c’est uniquement pour ceux qui sont allés à l’école. Et moi je compte passer par le slam pour valoriser ma langue qu’est le poular », laisse entendre ce slameur.

Boubacar Baldé alias Aboubakr, lui, évoque un autre cas d’ordre religieux qui selon lui, empêche les slameurs d’émerger dans la ville de Labé. Les gens ont une autre perception des slameurs, ce qui constitue un autre handicap pour les amoureux du slam et de la poésie.

« Les difficultés que nous rencontrons dans notre métier c’est que nous l’exerçons dans un milieu religieux et beaucoup nous considèrent ou assimilent ceux qui pratiquent ce métier aux chanteurs. Alors que tu ne vas pas nous écouter jusqu’à avoir le goût de danser. Même si c’est des chants mais c’est des chants qui éveillent les consciences », affirme de son côté cet autre jeune slameur.

Oumar Bailo Bah se retrouve déjà dans ce qu’il fait (le slam) et il y trouve du plaisir. D’ailleurs, il a eu la chance de participer à beaucoup de compétitions régionales et nationales. Compétitions qui lui ont valu le trophée de champion à plusieurs reprises.

« Nous avons beaucoup d’activités que nous souhaiterions menées mais le manque de moyens fait défaut. Actuellement, dix jeunes guinéens doivent participer à une compétition au Togo mais nous n’arrivons pas encore à mobiliser de financement. Et cette année c’est Labé qui accueille le championnat national du slam mais les gens sont réticents à financer les slameurs. Il y a aussi le manque de matériel de travail et le manque des lieux où organiser nos activités », se plaint de son côté Oumar Bailo déjà connu du milieu.

Ces slameurs invitent les autorités à penser à leur métier en mettant les moyens nécessaires à leur disposition afin de les aider à mieux s’affirmer.

Mamadou Aliou Diallo pour foutakameen.com

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